Morphologie des contes merveilleux
Le conte merveilleux est un genre très à part, avec ses propres codes et son propre folklore. Le travail de Vladimir Propp a consisté en une analyse d'un large corpus qui lui a permis d'établir un certain nombre d'éléments communs à tous les contes.
La liste ci-dessous représente la base morphologique de ces contes. Les exemples proposés pour chaque fonction se retrouvent dans le corpus rassemblé par Propp, mais il n'est pas difficile d'en imaginer d'autres.
Situation initiale
- présentation des personnages (héros, sa famille, nom et description)
- présentation d’une situation « idéale », une image de bonheur (avant le malheur qui va arriver) (richesse, bonnes récoltes, …)
I. Un des membres de la famille s’éloigne de la maison (éloignement)
- éloignement d’un adulte (travail, affaires ou commerce, voyage, départ à la guerre, …)
- mort d'un adulte (éloignement renforcé)
- éloignement d’un jeune (visite, pêche, promenade, …)
II. Le héros se fait signifier une interdiction (interdiction)
- interdiction formelle : « tu ne dois pas … » ; sans rapport obligatoire avec l’éloignement
- conseil ou prière : « tu es encore petit / trop jeune », ...
Le conte mentionne l’éloignement d’abord, puis l’interdiction ; les événements sont en réalité dans l’ordre inverse : l’adulte signale d’abord l’interdiction avant de partir. - interdiction inversée : ordre ou proposition (avec les mêmes conséquences par la suite)
L’interdiction n’est pas toujours mentionnée (ex : le héros sait qu'il ne doit pas être en retard même si l'adulte ne l'a pas explicitement signalé …)
III. L’interdiction est transgressée (transgression)
- interdiction transgressée = ordre exécuté (mêmes conséquences)
- un nouveau personnage fait son apparition : l’agresseur du héros, le méchant
IV. L’agresseur essaye d’obtenir des renseignements (interrogation)
- l’agresseur interroge le héros : découverte du lieu où résident les enfants, où se trouvent des objets précieux, les raisons d’un phénomène (guérison rapide, …)
- inversion de l’interrogation : le héros pose des questions à l’agresseur
- interrogation par personnes interposées
V. L’agresseur reçoit des informations sur sa victime (information)
- réponse immédiate : l’agresseur reçoit les réponses à ses questions, ou le héros aux siennes
- réponse indirecte : une imprudence commise par le héros (ou autre) dévoile les réponses
VI. L’agresseur tente de tromper sa victime pour s’emparer d’elle ou de ses biens (tromperie)
- l’agresseur prend un autre aspect, pour attiser la sympathie ou la pitié du héros, endormir sa méfiance
- l’agresseur agit par persuasion, en utilisant des moyens magiques, d’autres moyens trompeurs ou violents, …
VII. La victime se laisse tromper et aide ainsi son ennemi malgré elle (complicité)
- le héros se laisser convaincre, persuadé
Les interdictions sont toujours transgressées, mais les propositions trompeuses sont au contraire acceptées et exécutées. - le héros réagit à l’utilisation des moyens magiques (s’endort, se blesse, …)
Le héros peut aussi s’endormir spontanément, évidemment pour faciliter le travail de l’ennemi.
Particularité du « pacte trompeur » : la complicité du héros est dans ce cas extorquée, l’agresseur profitant de la situation difficile dans laquelle se trouve le héros. Cette situation peut être créée par l’agresseur lui-même (méfait préalable).
VIII. L’agresseur nuit à l’un des membres de la famille ou lui porte préjudice (méfait)
- l’agresseur enlève un être humain, vole ou enlève un objet magique (les formes du vol ou de l’enlèvement dépendent de l’objet en question), tue l’auxiliaire magique, pille ou abîme ce qui a été semé, fait subir des dommages corporels, fait subir une disparition soudaine (résultat de pratiques magiques ou trompeuses), exige ou extorque sa victime (en général, conséquence du pacte trompeur), il chasse quelqu’un ou le fait tuer (expulsion renforcée), donne l’ordre de le jeter à la mer, ensorcelle quelqu’un ou quelque chose, effectue une substitution, accomplit un meurtre, enferme quelqu’un ou l’emprisonne, veut obliger quelqu’un à l’épouser, menace de dévorer quelqu’un, tourmente quelqu’un chaque nuit, déclare la guerre, …
Cette partie donne son mouvement au conte. Les 7 précédents étapes sont la partie préparatoire du conte ; l’intrigue se noue au moment du méfait. Ses formes sont diverses.
VIII-2. Il manque quelque chose à l’un des membres de la famille ; l’un des membres de la famille a envie de posséder quelque chose (manque)
- manque d’une fiancée, d’un objet magique ou insolite (non magique), formes rationalisées (argent, moyens de vivre, …)
Certains contes commencent directement par une situation de manque ou de pénurie (ce qui est assimilable à l’enlèvement).
IX. La nouvelle du méfait ou du manque est divulguée, on s’adresse au héros par une demande ou un ordre, on l’envoie ou le laisse partir (médiation, moment de transition)
- On distingue deux sortes de héros : les héros quêteurs (celui qui part à la recherche de la personne ou l’objet manquant ou disparu), et les héros victimes (celui qui est chassé ou enlevé). Le conte va suivre les aventures de l’un ou de l’autre type de héros. Il est possible de suivre aussi bien le quêteur que la victime.
- Moment de médiation : son sens est de provoquer le départ du héros.
Dans le cas du héros-quêteur :
un appel au secours est lancé, suivi par l’envoi du héros ; le héros est directement envoyé (par un ordre, une prière, accompagné de menaces ou de promesses (ou les deux)) ; le héros part de chez lui de sa propre initiative (en demandant la permission, révélant ou non son véritable but) ; la nouvelle du méfait commis est révélée (provoquant le départ du héros sans aucune demande de la part d’un autre personnage)
Dans le cas du héros-victime, si le méfait ne suffit pas, il y a un moment de transition :
le héros chassé est emmené loin de chez lui ; le héros condamné à mort est secrètement libéré (si l’envoi pose la nécessité de partir – caractéristique du héros-quêteur –, on a ici la possibilité de partir – caractéristique du héros-victime –) ; on chante un chant plaintif (après un meurtre, ensorcellement suivi d’expulsion, trahison : le malheur se fait connaître et une réaction peut se produire
X. Le héros-quêteur accepte ou décide d’agir (début de l’action contraire)
Ce moment précède la quête, même s’il n’est parfois pas mentionné. Cela ne concerne que les héros qui décident de partir en quête ; les héros chassés, tués, ensorcelés ou trahis n’ont pas la volonté de se libérer, ce moment est alors absent.
XI. Le héros quitte sa maison (départ)
C’est un éloignement différent de celui, momentané, du début. Le départ du héros-quêteur (qui a pour but une quête) est différent de celui du héros-victime (qui suit une route sans recherche, où toutes sortes d’aventures l’attendent). Le départ peut être renforcé par une fuite. Parfois, il n’y a pas de déplacement dans l’espace (tout se passe au même endroit).Un nouveau personnage entre dans le conte : le donateur, ou pourvoyeur. Le héros le rencontre par hasard. Qu’il soit quêteur ou victime, il reçoit un moyen (souvent magique) qui lui permet de redresser le tort subi (le méfait).
XII. Le héros subit une épreuve, un questionnaire, une attaque, etc., qui le préparent à la réception d’un objet ou d’un auxiliaire magique (première fonction du donateur)
- le donateur fait passer une épreuve au héros
- le donateur salue et questionne le héros (s’il répond grossièrement, il ne reçoit rien, s’il répond poliment, il reçoit l’objet ou l’auxiliaire)
- un mourant ou un mort demande au héros de lui rendre un service
- un prisonnier demande au héros de le libérer
- le prisonnier demande au héros de le libérer après qu’il l’ait capturé précédemment
- on s’adresse au héros en lui demandant une grâce (souvent, un animal capturé puis relâché)
- deux personnes en train de se disputer demandent au héros de les départager, de partager entre elles un butin
- autres demandes : différents aspects possibles (un animal demande qu’on le nourrisse, un voleur qu’on l’aide à récupérer un objet, …) ; situation d’impuissance, après ou sans menace préalable (une baigneuse demande qu’on lui rende ses vêtements après que le héros lui-même les ait volé, un animal tourmenté par la pluie ou des enfants, …)
- un être hostile essaye d’anéantir le héros (tentative d’enfermement, d’empoisonnement, de meurtre, d’abandon, …)
- un être hostile entre en lutte avec le héros (la lutte est sous forme de bagarre, de raclée)
- on montre au héros un objet magique et on lui propose un échange
XIII. Le héros réagit aux actions du futur donateur (réaction du héros)
- le héros réussit (ou pas) l’épreuve
- il répond (ou pas) au salut du donateur
- il rend (ou pas) au mort le service demandé
- il libère le prisonnier
- il épargne l’animal qui le lui demande
- il fait le partage et réconcilie ceux qui se disputent (souvent, le héros dupe les adversaires en emportant les objets du litige)
- il rend un autre service (qui répond à une demande formulée, ou relève de la bonté du héros)
- il se sauve des attaques qui le visent en retournant les moyens de l’être hostile contre celui-ci
- il remporte la victoire (ou non) sur l’être hostile
- il accepte l’échange, mais utilise aussitôt la force magique de l’objet contre le donateur
La réaction peut être positive ou négative.
XIV. L’objet magique est mis à la disposition du héros (réception de l’objet magique)
- transmission directe (don à caractère de récompense ; si la réaction du héros est négative, la transmission n’a pas lieu, ou est remplacée par un châtiment)
- l’objet se trouve dans un lieu indiqué
- l’objet se fabrique (magiquement ou par un artisan)
- l’objet se vend et s’achète
- l’objet tombe par hasard dans les mains du héros
- l’objet apparaît soudain spontanément
- l’objet se boit ou se mange (il donne dans ce cas des qualités magiques)
- l’objet est volé
- divers personnages se mettent eux-même à la disposition du héros (en offrant leurs services, spontanément ou après une aide du héros)
Les objets magiques peuvent être : des animaux, des objets d’où sortent des auxiliaires magiques, des objets ayant des propriétés magiques, des qualités reçues directement. On appelle auxiliaires les êtres vivants, et objets les simples objets, mais ils ont tous la même fonction en tant qu'aide magique proposée au héros. Ils peuvent être transmis de différentes façons :
Relation entre la fonction préparatoire du donateur et les formes de transmission de l’objet magique
XV. Le héros est transporté, conduit ou amené près du lieu où se trouve l’objet de sa quête (déplacement dans l’espace entre deux, voyage avec un guide)
- le héros vole dans les airs (sur un oiseau, un cheval, un bateau, un tapis volant, sur le dos d’un géant ou d’un esprit ; à la manière d’un oiseau ; il faut parfois nourrir celui qui permet le déplacement)
- il se déplace sur la terre ou l’eau (à cheval, sur le dos d’un loup, dans un bateau, …)
- il est conduit (par un peloton de fil, un renard, …)
- on lui indique le chemin (animal…)
- il utilise des moyens de communication immobiles (échelle, entrée souterraine, …)
- il suit des traces (de sang, …)
Ce déplacement peut être le simple prolongement du départ (XI). Il n’y a alors pas d’étapes intermédiaires.
XVI. Le héros et son agresseur s’affrontent dans un combat (combat)
- ils se battent (en plein champs, dans un autre lieu, …)
- ils entrent en compétition (le héros remporte la compétition grâce à sa ruse)
- ils jouent aux cartes (ou un autre jeu ?)
- ils se mesurent l’un à l’autre (lequel est le plus lourd ? etc.)
Cette lutte est différente de celle du XII. (donateur) S’il reçoit un objet qui l’aide dans sa quête à l’issue de cette lutte, c’est l’étape XII. S’il reçoit l’objet de la quête elle-même, c’est le combat.
XVII. Le héros reçoit une marque (marque)
- une marque est imprimé sur son corps (pendant la bataille, ou par la princesse, …)
- il reçoit un anneau ou un mouchoir (souvent, le héros est blessé et la blessure bandée avec un mouchoir)
- autres formes de marque
Cette marque permettra, plus tard, la reconnaissance du héros.
XVIII. L’agresseur est vaincu (victoire)
- il est vaincu dans le combat (en plein champ, …)
- il est vaincu dans la compétition
- il perd aux cartes (ou autre jeu)
- il est battu à la pesée (etc.)
- il est tué sans combat préalable (dans son sommeil, …)
- il est immédiatement chassé (image sainte devant le diable, …)
Victoire négative : si plusieurs héros sont engagés dans le combat, l’un d’eux se cache alors que l’autre remporte la victoire (celui qui se cache – le « chef » en général – reviendra ensuite s’approprier la victoire).
XIX. Le méfait initial est réparé ou le manque comblé (réparation)
- l’objet de la quête est enlevé par la force ou la ruse – parfois, l’enlèvement est effectué par deux personnages, l’un d’eux contraignant/menaçant l’autre
- l’objet des recherches est pris par plusieurs personnages à la fois, leurs actions se succédant rapidement (la passage de l’un à l’autre s’effectue grâce à une série d’échecs ou de tentatives de fuite)
- l’objet de la quête est pris grâce à un appât
- l’obtention de l’objet cherché est le résultat immédiat des actions précédentes (résultat du combat, …)
- l’objet de la quête est obtenu immédiatement, au moyen de l’objet magique
- l’utilisation de l’objet magique supprime la pauvreté (oie aux œufs d’or, cheval au crottin d’or, nappe qui sert le déjeuner, …)
- l’objet de la quête est pris au cours d’une chasse
- le personnage ensorcelé redevient ce qu’il était (rupture du charme)
- le mort ressuscite – parfois avec la contrainte d’un autre personnage pour amener le remède
- le prisonnier est libéré
- l’obtention de l’objet de la quête se fait parfois comme celle de l’objet magique : il est donné, on indique le lieu où il se trouve, il est acheté, …
XX. Le héros revient (retour)
Le retour s’effectue en général de la même façon que l’arrivée. Prend parfois l’aspect d’une fuite.
XXI. Le héros est poursuivi (poursuite)
- le poursuivant vole à la suite du héros
- le poursuivant réclame le coupable
- en poursuivant le héros, il se transforme successivement en plusieurs animaux, …
- le poursuivant se transforme en objet attrayant et se met sur le passage du héros
- le poursuivant essaye de dévorer le héros
- le poursuivant essaye de tuer le héros
- le poursuivant essaye de couper l’arbre sur lequel le héros s’est réfugié, …
XXII. Le héros est secouru (secours)
- il est emporté dans les airs (parfois en fuyant)
- il s’enfuit en mettant des obstacles sur la route de ses poursuivants
- au cours de sa fuite, le héros se transforme en objets qui le rendent méconnaissable
- le héros se cache au cours de sa fuite (arbre, rivière, chez des forgerons qui battent ensuite le poursuivant, …)
- il est sauvé en se transformant pendant sa fuite en animaux, pierre, etc.
- il résiste à la tentation exercée par le poursuivant sous les divers aspects qu’il a pris
- il ne se laisse pas dévorer
- il est secouru alors qu’on essaie de le tuer
- il saute sur un autre arbre, ...
Le conte peut se terminer après le sauvetage du héros ; il rentre ensuite chez lui, se marie s’il est question d’une jeune fille.
Mais parfois, le héros est soumis à de nouveaux malheurs : son agresseur réapparaît, vole l’objet rapporté, le tue, etc. Le méfait se répète, parfois sous la même forme, parfois sous une forme différente. C’est le début d’un autre récit. Les agresseurs peuvent être spécifiques : les frères du héros, qui volent l’objet qu’il a rapporté.
Le récit se présente alors comme une succession de plusieurs de contes. Du méfait à sa résolution, on parle de séquence. On peut trouver dans une histoire plusieurs séquences à la suite.
VIII bis. L’agresseur nuit au héros, enlève l’objet ou la personne qu’il ramène ; l’agresseur peut faire partie de la famille du héros (méfait)
idem
X et XI bis. Le héros repart, recommence une quête (début de l’action contraire et départ)
Souvent, le moment IX (envoi du héros) n’a pas lieu puisque c’est son objet ou sa fiancée qui est enlevé(e). Il a donc une motivation personnelle pour partir à sa recherche.
XII bis. Le héros subit à nouveau les actions qui le conduisent à recevoir un objet magique (première fonction du donateur)
idem
XIII bis. Nouvelle réaction du héros aux actions du futur donateur (réaction du héros)
idem
XIV bis. Un nouvel objet magique est mis à la disposition du héros (réception de l’objet magique)
idem
XV bis. Le héros est transporté ou amené près du lieu où se trouve l’objet de sa quête (déplacement)
idem
À partir de ce moment, le conte propose de nouvelles fonctions.
XXIII. Le héros arrive incognito chez lui ou dans une autre contrée (arrivée incognito)
- retour dans sa maison (s’arrête chez un artisan et devient son apprenti)
- arrivée chez le roi d’un autre pays (se fait embaucher comme cuisinier ou palefrenier, arrive simplement)
XXIV. Un faux héros fait valoir des prétentions mensongères (prétentions mensongères)
- si les agresseurs sont les frères du héros, ce sont eux qui font valoir ces prétentions ; ils se font passer pour les conquérants de l’objet qu’ils ramènent
- l’un des personnages présents lors du combat prétend être le vainqueur (cf XVIII, victoire négative)
XXV. On propose au héros une tâche difficile (tâche difficile)
- épreuve du manger et du boire (boire ou manger une certaine quantité, quelque chose de mauvais, ...)
- épreuve du feu (marcher sur des braises, se plonger dans un bain d'eau bouillante, ...)
- épreuve des devinettes (énigmes, expliquer un rêve, …)
- épreuve du choix (choisir celui ou celle qu’on cherche parmi des jeunes gens identiques, …)
- se cacher de manière à être introuvable
- épreuve de force, d’adresse, de courage
- épreuve de patience
- obligation de rapporter ou fabriquer quelque chose
- épreuve de fabrication
- autres : cueillir les fruits d’un buisson ou d’un arbre, « à qui dansera le mieux », « à qui verra sa bougie s’allumer toute seule », etc.
En général, il s'agit d'une épreuve qui fait appel au courage ou d'autres qualités du héros.
XXVI. La tâche est accomplie (tâche accomplie)
- l’accomplissement de la tâche dépend entièrement du type d’épreuve imposée
- l’accomplissement peut avoir lieu avant qu’on donne la tâche au héros (ex. : le héros apprend quelles sont les marques de naissance de la princesse avant qu’on lui demande de les deviner, etc.)
XXVII. Le héros est reconnu (reconnaissance)
- il est reconnu grâce à la marque reçue (blessure, autre), ou à l’objet qu’on lui a donné (anneau, mouchoir, etc.) ; la reconnaissance correspond dans ce cas à la fonction où le héros reçoit une marque
- il est reconnu du fait d’avoir accompli la tâche difficile
- il est reconnu immédiatement après l’arrivée (par les parents, la famille, etc.)
XXVIII. Le faux héros ou l’agresseur, le méchant, est démasqué (découverte)
- échec de la tâche difficile à accomplir
- découverte grâce à un récit (la princesse raconte ce qui s’est vraiment passé, à qui elle a confié le mouchoir, etc.)
XXIX. Le héros reçoit une nouvelle apparence (transfiguration)
- il reçoit une nouvelle apparence directement, grâce à l’action magique de son auxiliaire
- il construit un magnifique palais (et devient prince ; il ne change pas physiquement mais sous un autre aspect particulier)
- il met de nouveaux vêtements
- formes rationalisées et humoristiques (dues à une tromperie ; exemple : un auxiliaire annonce qu’il est tombé dans la rivière et demande des vêtements pour lui, on lui donne des vêtements du roi, il se présente ainsi vêtu et on le prend pour un prince ; il s’agit d’une fausse preuve de richesse et de beauté, prise comme une preuve effective)
XXX. Le faux héros ou l’agresseur est puni (punition)
- il est tué, chassé, torturé, il se suicide
- il peut être épargné grâce à un pardon
Le premier agresseur n’est puni que s’il n’y a ni combat ni poursuite dans la première séquence ; dans le cas contraire, il est tué pendant le combat ou périt pendant la poursuite.
XXXI. Le héros se marie et monte sur le trône (mariage)
- il reçoit femme et royaume en même temps, ou bien la moitié du royaume en premier, et en entier à la mort des parents
- il se marie, mais ne devient pas roi si sa femme n’est pas princesse
- il devient roi, mais ne se marie pas
Si le conte est interrompu, avant le mariage, par un nouveau méfait, la séquence se termine par des fiançailles, une promesse de mariage. Réciproque : le héros marié perd sa femme ; à la fin de la nouvelle quête, le mariage est renouvelé. - le héros reçoit une récompense sous forme d’argent ou une compensation d’un autre ordre
Le conte se termine là-dessus.
J'espère que certains éléments vous sont familiers, ou même que vous possédez des structures similaires dans vos propres récits.
Source :
Morphologie du conte, suivi de Les transformations des contes merveilleux, de Vladimir Propp (1969)
Suivis de L'étude structurale et typologique du conte, de Evguéni Mélétinski (1969)
Traduits du russe par M. Derrida, T. Todorov et C. Kahn
Morphologie du conte, suivi de Les transformations des contes merveilleux, de Vladimir Propp (1969)
Suivis de L'étude structurale et typologique du conte, de Evguéni Mélétinski (1969)
Traduits du russe par M. Derrida, T. Todorov et C. Kahn