Le Cercle Littéraire

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    Morphologie du conte merveilleux

    Hamilcar
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    Humeur : Lhamasticocoricot
    Date d'inscription : 02/07/2014
    Messages : 751

    Morphologie du conte merveilleux Empty Morphologie du conte merveilleux

    Message par Hamilcar Ven 25 Juil - 12:57

    Morphologie des contes merveilleux


    Le conte merveilleux est un genre très à part, avec ses propres codes et son propre folklore. Le travail de Vladimir Propp a consisté en une analyse d'un large corpus qui lui a permis d'établir un certain nombre d'éléments communs à tous les contes.

    La liste ci-dessous représente la base morphologique de ces contes. Les exemples proposés pour chaque fonction se retrouvent dans le corpus rassemblé par Propp, mais il n'est pas difficile d'en imaginer d'autres.

    Situation initiale

    • présentation des personnages (héros, sa famille, nom et description)
    • présentation d’une situation « idéale », une image de bonheur (avant le malheur qui va arriver) (richesse, bonnes récoltes, …)


    I. Un des membres de la famille s’éloigne de la maison (éloignement)

    • éloignement d’un adulte (travail, affaires ou commerce, voyage, départ à la guerre, …)
    • mort d'un adulte (éloignement renforcé)
    • éloignement d’un jeune (visite, pêche, promenade, …)


    II. Le héros se fait signifier une interdiction (interdiction)

    • interdiction formelle : « tu ne dois pas … » ; sans rapport obligatoire avec l’éloignement
    • conseil ou prière : « tu es encore petit / trop jeune », ...

      Le conte mentionne l’éloignement d’abord, puis l’interdiction ; les événements sont en réalité dans l’ordre inverse : l’adulte signale d’abord l’interdiction avant de partir.
    • interdiction inversée : ordre ou proposition (avec les mêmes conséquences par la suite)

      L’interdiction n’est pas toujours mentionnée (ex : le héros sait qu'il ne doit pas être en retard même si l'adulte ne l'a pas explicitement signalé …)


    III. L’interdiction est transgressée (transgression)

    • interdiction transgressée = ordre exécuté (mêmes conséquences)
    • un nouveau personnage fait son apparition : l’agresseur du héros, le méchant


    IV. L’agresseur essaye d’obtenir des renseignements (interrogation)

    • l’agresseur interroge le héros : découverte du lieu où résident les enfants, où se trouvent des objets précieux, les raisons d’un phénomène (guérison rapide, …)
    • inversion de l’interrogation : le héros pose des questions à l’agresseur
    • interrogation par personnes interposées


    V. L’agresseur reçoit des informations sur sa victime (information)

    • réponse immédiate : l’agresseur reçoit les réponses à ses questions, ou le héros aux siennes
    • réponse indirecte : une imprudence commise par le héros (ou autre) dévoile les réponses


    VI. L’agresseur tente de tromper sa victime pour s’emparer d’elle ou de ses biens (tromperie)

    • l’agresseur prend un autre aspect, pour attiser la sympathie ou la pitié du héros, endormir sa méfiance
    • l’agresseur agit par persuasion, en utilisant des moyens magiques, d’autres moyens trompeurs ou violents, …


    VII. La victime se laisse tromper et aide ainsi son ennemi malgré elle (complicité)

    • le héros se laisser convaincre, persuadé
      Les interdictions sont toujours transgressées, mais les propositions trompeuses sont au contraire acceptées et exécutées.
    • le héros réagit à l’utilisation des moyens magiques (s’endort, se blesse, …)
      Le héros peut aussi s’endormir spontanément, évidemment pour faciliter le travail de l’ennemi.

      Particularité du « pacte trompeur » : la complicité du héros est dans ce cas extorquée, l’agresseur profitant de la situation difficile dans laquelle se trouve le héros. Cette situation peut être créée par l’agresseur lui-même (méfait préalable).


    VIII. L’agresseur nuit à l’un des membres de la famille ou lui porte préjudice (méfait)

      Cette partie donne son mouvement au conte. Les 7 précédents étapes sont la partie préparatoire du conte ; l’intrigue se noue au moment du méfait. Ses formes sont diverses.
    • l’agresseur enlève un être humain, vole ou enlève un objet magique (les formes du vol ou de l’enlèvement dépendent de l’objet en question), tue l’auxiliaire magique, pille ou abîme ce qui a été semé, fait subir des dommages corporels, fait subir une disparition soudaine (résultat de pratiques magiques ou trompeuses), exige ou extorque sa victime (en général, conséquence du pacte trompeur), il chasse quelqu’un ou le fait tuer (expulsion renforcée), donne l’ordre de le jeter à la mer, ensorcelle quelqu’un ou quelque chose, effectue une substitution, accomplit un meurtre, enferme quelqu’un ou l’emprisonne, veut obliger quelqu’un à l’épouser, menace de dévorer quelqu’un, tourmente quelqu’un chaque nuit, déclare la guerre, …


    VIII-2. Il manque quelque chose à l’un des membres de la famille ; l’un des membres de la famille a envie de posséder quelque chose (manque)

      Certains contes commencent directement par une situation de manque ou de pénurie (ce qui est assimilable à l’enlèvement).
    • manque d’une fiancée, d’un objet magique ou insolite (non magique), formes rationalisées (argent, moyens de vivre, …)


    IX. La nouvelle du méfait ou du manque est divulguée, on s’adresse au héros par une demande ou un ordre, on l’envoie ou le laisse partir (médiation, moment de transition)

    • On distingue deux sortes de héros : les héros quêteurs (celui qui part à la recherche de la personne ou l’objet manquant ou disparu), et les héros victimes (celui qui est chassé ou enlevé). Le conte va suivre les aventures de l’un ou de l’autre type de héros. Il est possible de suivre aussi bien le quêteur que la victime.
    • Moment de médiation : son sens est de provoquer le départ du héros.

      Dans le cas du héros-quêteur :
      un appel au secours est lancé, suivi par l’envoi du héros ; le héros est directement envoyé (par un ordre, une prière, accompagné de menaces ou de promesses (ou les deux)) ; le héros part de chez lui de sa propre initiative (en demandant la permission, révélant ou non son véritable but) ; la nouvelle du méfait commis est révélée (provoquant le départ du héros sans aucune demande de la part d’un autre personnage)

      Dans le cas du héros-victime, si le méfait ne suffit pas, il y a un moment de transition :
      le héros chassé est emmené loin de chez lui ; le héros condamné à mort est secrètement libéré (si l’envoi pose la nécessité de partir – caractéristique du héros-quêteur –, on a ici la possibilité de partir – caractéristique du héros-victime –) ; on chante un chant plaintif (après un meurtre, ensorcellement suivi d’expulsion, trahison : le malheur se fait connaître et une réaction peut se produire


    X. Le héros-quêteur accepte ou décide d’agir (début de l’action contraire)

      Ce moment précède la quête, même s’il n’est parfois pas mentionné. Cela ne concerne que les héros qui décident de partir en quête ; les héros chassés, tués, ensorcelés ou trahis n’ont pas la volonté de se libérer, ce moment est alors absent.


    XI. Le héros quitte sa maison (départ)

      C’est un éloignement différent de celui, momentané, du début. Le départ du héros-quêteur (qui a pour but une quête) est différent de celui du héros-victime (qui suit une route sans recherche, où toutes sortes d’aventures l’attendent). Le départ peut être renforcé par une fuite. Parfois, il n’y a pas de déplacement dans l’espace (tout se passe au même endroit).Un nouveau personnage entre dans le conte : le donateur, ou pourvoyeur. Le héros le rencontre par hasard. Qu’il soit quêteur ou victime, il reçoit un moyen (souvent magique) qui lui permet de redresser le tort subi (le méfait).


    XII. Le héros subit une épreuve, un questionnaire, une attaque, etc., qui le préparent à la réception d’un objet ou d’un auxiliaire magique (première fonction du donateur)

    • le donateur fait passer une épreuve au héros
    • le donateur salue et questionne le héros (s’il répond grossièrement, il ne reçoit rien, s’il répond poliment, il reçoit l’objet ou l’auxiliaire)
    • un mourant ou un mort demande au héros de lui rendre un service
    • un prisonnier demande au héros de le libérer
    • le prisonnier demande au héros de le libérer après qu’il l’ait capturé précédemment
    • on s’adresse au héros en lui demandant une grâce (souvent, un animal capturé puis relâché)
    • deux personnes en train de se disputer demandent au héros de les départager, de partager entre elles un butin
    • autres demandes : différents aspects possibles (un animal demande qu’on le nourrisse, un voleur qu’on l’aide à récupérer un objet, …) ; situation d’impuissance, après ou sans menace préalable (une baigneuse demande qu’on lui rende ses vêtements après que le héros lui-même les ait volé, un animal tourmenté par la pluie ou des enfants, …)
    • un être hostile essaye d’anéantir le héros (tentative d’enfermement, d’empoisonnement, de meurtre, d’abandon, …)
    • un être hostile entre en lutte avec le héros (la lutte est sous forme de bagarre, de raclée)
    • on montre au héros un objet magique et on lui propose un échange


    XIII. Le héros réagit aux actions du futur donateur (réaction du héros)

      La réaction peut être positive ou négative.
    • le héros réussit (ou pas) l’épreuve
    • il répond (ou pas) au salut du donateur
    • il rend (ou pas) au mort le service demandé
    • il libère le prisonnier
    • il épargne l’animal qui le lui demande
    • il fait le partage et réconcilie ceux qui se disputent (souvent, le héros dupe les adversaires en emportant les objets du litige)
    • il rend un autre service (qui répond à une demande formulée, ou relève de la bonté du héros)
    • il se sauve des attaques qui le visent en retournant les moyens de l’être hostile contre celui-ci
    • il remporte la victoire (ou non) sur l’être hostile
    • il accepte l’échange, mais utilise aussitôt la force magique de l’objet contre le donateur


    XIV. L’objet magique est mis à la disposition du héros (réception de l’objet magique)

      Les objets magiques peuvent être : des animaux, des objets d’où sortent des auxiliaires magiques, des objets ayant des propriétés magiques, des qualités reçues directement. On appelle auxiliaires les êtres vivants, et objets les simples objets, mais ils ont tous la même fonction en tant qu'aide magique proposée au héros. Ils peuvent être transmis de différentes façons :
    • transmission directe (don à caractère de récompense ; si la réaction du héros est négative, la transmission n’a pas lieu, ou est remplacée par un châtiment)
    • l’objet se trouve dans un lieu indiqué
    • l’objet se fabrique (magiquement ou par un artisan)
    • l’objet se vend et s’achète
    • l’objet tombe par hasard dans les mains du héros
    • l’objet apparaît soudain spontanément
    • l’objet se boit ou se mange (il donne dans ce cas des qualités magiques)
    • l’objet est volé
    • divers personnages se mettent eux-même à la disposition du héros (en offrant leurs services, spontanément ou après une aide du héros)


    Relation entre la fonction préparatoire du donateur et les formes de transmission de l’objet magique
    Morphologie du conte merveilleux Contes10

    XV. Le héros est transporté, conduit ou amené près du lieu où se trouve l’objet de sa quête (déplacement dans l’espace entre deux, voyage avec un guide)

    • le héros vole dans les airs (sur un oiseau, un cheval, un bateau, un tapis volant, sur le dos d’un géant ou d’un esprit ; à la manière d’un oiseau ; il faut parfois nourrir celui qui permet le déplacement)
    • il se déplace sur la terre ou l’eau (à cheval, sur le dos d’un loup, dans un bateau, …)
    • il est conduit (par un peloton de fil, un renard, …)
    • on lui indique le chemin (animal…)
    • il utilise des moyens de communication immobiles (échelle, entrée souterraine, …)
    • il suit des traces (de sang, …)

      Ce déplacement peut être le simple prolongement du départ (XI). Il n’y a alors pas d’étapes intermédiaires.


    XVI. Le héros et son agresseur s’affrontent dans un combat (combat)

      Cette lutte est différente de celle du XII. (donateur) S’il reçoit un objet qui l’aide dans sa quête à l’issue de cette lutte, c’est l’étape XII. S’il reçoit l’objet de la quête elle-même, c’est le combat.
    • ils se battent (en plein champs, dans un autre lieu, …)
    • ils entrent en compétition (le héros remporte la compétition grâce à sa ruse)
    • ils jouent aux cartes (ou un autre jeu ?)
    • ils se mesurent l’un à l’autre (lequel est le plus lourd ? etc.)


    XVII. Le héros reçoit une marque (marque)

    • une marque est imprimé sur son corps (pendant la bataille, ou par la princesse, …)
    • il reçoit un anneau ou un mouchoir (souvent, le héros est blessé et la blessure bandée avec un mouchoir)
    • autres formes de marque

      Cette marque permettra, plus tard, la reconnaissance du héros.


    XVIII. L’agresseur est vaincu (victoire)

    • il est vaincu dans le combat (en plein champ, …)
    • il est vaincu dans la compétition
    • il perd aux cartes (ou autre jeu)
    • il est battu à la pesée (etc.)
    • il est tué sans combat préalable (dans son sommeil, …)
    • il est immédiatement chassé (image sainte devant le diable, …)

      Victoire négative : si plusieurs héros sont engagés dans le combat, l’un d’eux se cache alors que l’autre remporte la victoire (celui qui se cache – le « chef » en général – reviendra ensuite s’approprier la victoire).


    XIX. Le méfait initial est réparé ou le manque comblé (réparation)

    • l’objet de la quête est enlevé par la force ou la ruse – parfois, l’enlèvement est effectué par deux personnages, l’un d’eux contraignant/menaçant l’autre
    • l’objet des recherches est pris par plusieurs personnages à la fois, leurs actions se succédant rapidement (la passage de l’un à l’autre s’effectue grâce à une série d’échecs ou de tentatives de fuite)
    • l’objet de la quête est pris grâce à un appât
    • l’obtention de l’objet cherché est le résultat immédiat des actions précédentes (résultat du combat, …)
    • l’objet de la quête est obtenu immédiatement, au moyen de l’objet magique
    • l’utilisation de l’objet magique supprime la pauvreté (oie aux œufs d’or, cheval au crottin d’or, nappe qui sert le déjeuner, …)
    • l’objet de la quête est pris au cours d’une chasse
    • le personnage ensorcelé redevient ce qu’il était (rupture du charme)
    • le mort ressuscite – parfois avec la contrainte d’un autre personnage pour amener le remède
    • le prisonnier est libéré
    • l’obtention de l’objet de la quête se fait parfois comme celle de l’objet magique : il est donné, on indique le lieu où il se trouve, il est acheté, …


    XX. Le héros revient (retour)

      Le retour s’effectue en général de la même façon que l’arrivée. Prend parfois l’aspect d’une fuite.


    XXI. Le héros est poursuivi (poursuite)

    • le poursuivant vole à la suite du héros
    • le poursuivant réclame le coupable
    • en poursuivant le héros, il se transforme successivement en plusieurs animaux, …
    • le poursuivant se transforme en objet attrayant et se met sur le passage du héros
    • le poursuivant essaye de dévorer le héros
    • le poursuivant essaye de tuer le héros
    • le poursuivant essaye de couper l’arbre sur lequel le héros s’est réfugié, …


    XXII. Le héros est secouru (secours)

    • il est emporté dans les airs (parfois en fuyant)
    • il s’enfuit en mettant des obstacles sur la route de ses poursuivants
    • au cours de sa fuite, le héros se transforme en objets qui le rendent méconnaissable
    • le héros se cache au cours de sa fuite (arbre, rivière, chez des forgerons qui battent ensuite le poursuivant, …)
    • il est sauvé en se transformant pendant sa fuite en animaux, pierre, etc.
    • il résiste à la tentation exercée par le poursuivant sous les divers aspects qu’il a pris
    • il ne se laisse pas dévorer
    • il est secouru alors qu’on essaie de le tuer
    • il saute sur un autre arbre, ...


    Le conte peut se terminer après le sauvetage du héros ; il rentre ensuite chez lui, se marie s’il est question d’une jeune fille.

    Mais parfois, le héros est soumis à de nouveaux malheurs : son agresseur réapparaît, vole l’objet rapporté, le tue, etc. Le méfait se répète, parfois sous la même forme, parfois sous une forme différente. C’est le début d’un autre récit. Les agresseurs peuvent être spécifiques : les frères du héros, qui volent l’objet qu’il a rapporté.

    Le récit se présente alors comme une succession de plusieurs de contes. Du méfait à sa résolution, on parle de séquence. On peut trouver dans une histoire plusieurs séquences à la suite.

    VIII bis. L’agresseur nuit au héros, enlève l’objet ou la personne qu’il ramène ; l’agresseur peut faire partie de la famille du héros (méfait)

      idem


    X et XI bis. Le héros repart, recommence une quête (début de l’action contraire et départ)

      Souvent, le moment IX (envoi du héros) n’a pas lieu puisque c’est son objet ou sa fiancée qui est enlevé(e). Il a donc une motivation personnelle pour partir à sa recherche.


    XII bis. Le héros subit à nouveau les actions qui le conduisent à recevoir un objet magique (première fonction du donateur)

      idem


    XIII bis. Nouvelle réaction du héros aux actions du futur donateur (réaction du héros)

      idem


    XIV bis. Un nouvel objet magique est mis à la disposition du héros (réception de l’objet magique)

      idem


    XV bis. Le héros est transporté ou amené près du lieu où se trouve l’objet de sa quête (déplacement)

      idem


    À partir de ce moment, le conte propose de nouvelles fonctions.

    XXIII. Le héros arrive incognito chez lui ou dans une autre contrée (arrivée incognito)

    • retour dans sa maison (s’arrête chez un artisan et devient son apprenti)
    • arrivée chez le roi d’un autre pays (se fait embaucher comme cuisinier ou palefrenier, arrive simplement)


    XXIV. Un faux héros fait valoir des prétentions mensongères (prétentions mensongères)

    • si les agresseurs sont les frères du héros, ce sont eux qui font valoir ces prétentions ; ils se font passer pour les conquérants de l’objet qu’ils ramènent
    • l’un des personnages présents lors du combat prétend être le vainqueur (cf XVIII, victoire négative)


    XXV. On propose au héros une tâche difficile (tâche difficile)

    • épreuve du manger et du boire (boire ou manger une certaine quantité, quelque chose de mauvais, ...)
    • épreuve du feu (marcher sur des braises, se plonger dans un bain d'eau bouillante, ...)
    • épreuve des devinettes (énigmes, expliquer un rêve, …)
    • épreuve du choix (choisir celui ou celle qu’on cherche parmi des jeunes gens identiques, …)
    • se cacher de manière à être introuvable
    • épreuve de force, d’adresse, de courage
    • épreuve de patience
    • obligation de rapporter ou fabriquer quelque chose
    • épreuve de fabrication
    • autres : cueillir les fruits d’un buisson ou d’un arbre, « à qui dansera le mieux », « à qui verra sa bougie s’allumer toute seule », etc.

      En général, il s'agit d'une épreuve qui fait appel au courage ou d'autres qualités du héros.


    XXVI. La tâche est accomplie (tâche accomplie)

    • l’accomplissement de la tâche dépend entièrement du type d’épreuve imposée
    • l’accomplissement peut avoir lieu avant qu’on donne la tâche au héros (ex. : le héros apprend quelles sont les marques de naissance de la princesse avant qu’on lui demande de les deviner, etc.)


    XXVII. Le héros est reconnu (reconnaissance)

    • il est reconnu grâce à la marque reçue (blessure, autre), ou à l’objet qu’on lui a donné (anneau, mouchoir, etc.) ; la reconnaissance correspond dans ce cas à la fonction où le héros reçoit une marque
    • il est reconnu du fait d’avoir accompli la tâche difficile
    • il est reconnu immédiatement après l’arrivée (par les parents, la famille, etc.)


    XXVIII. Le faux héros ou l’agresseur, le méchant, est démasqué (découverte)

    • échec de la tâche difficile à accomplir
    • découverte grâce à un récit (la princesse raconte ce qui s’est vraiment passé, à qui elle a confié le mouchoir, etc.)


    XXIX. Le héros reçoit une nouvelle apparence (transfiguration)

    • il reçoit une nouvelle apparence directement, grâce à l’action magique de son auxiliaire
    • il construit un magnifique palais (et devient prince ; il ne change pas physiquement mais sous un autre aspect particulier)
    • il met de nouveaux vêtements
    • formes rationalisées et humoristiques (dues à une tromperie ; exemple : un auxiliaire annonce qu’il est tombé dans la rivière et demande des vêtements pour lui, on lui donne des vêtements du roi, il se présente ainsi vêtu et on le prend pour un prince ; il s’agit d’une fausse preuve de richesse et de beauté, prise comme une preuve effective)


    XXX. Le faux héros ou l’agresseur est puni (punition)

    • il est tué, chassé, torturé, il se suicide
    • il peut être épargné grâce à un pardon
      Le premier agresseur n’est puni que s’il n’y a ni combat ni poursuite dans la première séquence ; dans le cas contraire, il est tué pendant le combat ou périt pendant la poursuite.


    XXXI. Le héros se marie et monte sur le trône (mariage)

    • il reçoit femme et royaume en même temps, ou bien la moitié du royaume en premier, et en entier à la mort des parents
    • il se marie, mais ne devient pas roi si sa femme n’est pas princesse
    • il devient roi, mais ne se marie pas

      Si le conte est interrompu, avant le mariage, par un nouveau méfait, la séquence se termine par des fiançailles, une promesse de mariage. Réciproque : le héros marié perd sa femme ; à la fin de la nouvelle quête, le mariage est renouvelé.
    • le héros reçoit une récompense sous forme d’argent ou une compensation d’un autre ordre


    Le conte se termine là-dessus.



    J'espère que certains éléments vous sont familiers, ou même que vous possédez des structures similaires dans vos propres récits.  yes 



    Source :
    Morphologie du conte, suivi de Les transformations des contes merveilleux, de Vladimir Propp (1969)
    Suivis de L'étude structurale et typologique du conte, de Evguéni Mélétinski (1969)
    Traduits du russe par M. Derrida, T. Todorov et C. Kahn
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    Message par Hamilcar Ven 25 Juil - 13:08

    INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

    Certaines fonctions du conte sont assemblées en couple : interdiction-transgression, interrogation-information, combat-victoire, poursuite-secours, …

    D’autres peuvent être assemblées en groupe :
    méfait – envoi/appel au secours – décision de réparer le tord subi – départ (il s’agit du nœud de l’intrigue)
    mise à l’épreuve du héros – réaction – récompense

    D’autres fonctions sont isolées : départ, punition du méchant, mariage, …

    Éléments auxiliaires servant de liaisons entre les fonctions.

    D’autres éléments peuvent être ajoutés au conte, qui servent de liaison entre les fonctions. Souvent, ce sont des moments d’informations entre les personnages. Ça va de la simple transmission à des éléments plus « esthétiques » (un objet déplacé dans la maison permet au personnage d’apprendre le vol ; le héros annonce l’erreur du méchant, ce qui déclenche la poursuite ; il colle son oreille au sol pour entendre qu’on le poursuit ; il surprend une conversation qui lui apprend que ses ennemis vont le poursuivre, etc.). Il s’agit d’informations directes.
    Un personnage apprend quelque chose (annonce d’une nouvelle, conversation entendue, signaux sonores, plaintes, médisance, etc.) d’un autre, et cela rattache la fonction précédente à la suivante.
    Cette information se transmet également parce que l’autre personnage a vu quelque chose (et qu’il peut donc le dire au héros). C’est un deuxième type de liaison entre les fonctions.


    Un autre type de liaison est d’apporter l’objet nécessaire, ou amener le personnage (arrivé, amené par un autre personnage, invité, …). L’organisation de fêtes ou de festins peut aussi servir de liaison (le héros y est invité ou s'y rend).

    Ces liaisons peuvent nécessiter l'intervention de personnages spéciaux (plaignants, dénonciateurs, calomniateurs, informateurs spéciaux) (ex. : de vieilles médisantes parlent du héros, le faisant ainsi connaître au mandateur ou au père de la princesse enlevée).

    Éléments qui favorisent le triplement.

    Trois tâches, trois combats, trois objets, trois têtes au dragon, trois obstacles pour semer le poursuivant … Avec des éléments de liaison analogues.

    Ce triplement, aussi bien dans les fonctions, les couples de fonctions (poursuite-secours), ou parfois les séquences entières, que dans les objets, est un élément qui se retrouve souvent dans les contes. La répétition peut être égale (trois actions répétées), ou donner lieu à un accroissement (la troisième tâche, le troisième combat est le plus difficile), ou encore, comporter deux résultats négatifs avant un résultat positif.

    Motivations

    Les mobiles et buts des personnages peuvent être importants pour justifier l’une des fonctions. Certaines actions ne sont motivées que par le déroulement de l'intrigue, mais le méfait, qui la déclenche et est l'élément fondamental du conte, nécessite une certaine motivation qui doit être expliquée.

    La répartition des fonctions entre les personnages.

    Sphère d’action de l’AGRESSEUR (ou du méchant)
    → méfait, combat et autres formes de lutte avec le héros, poursuite

    Sphère d’action du DONATEUR (ou pourvoyeur)
    → préparation de la transmission, mise de l’objet magique à la disposition du héros

    Sphère d’action de l’AUXILIAIRE
    → déplacement du héros dans l’espace, réparation du méfait ou manque, secours pendant la poursuite, accomplissement de tâches difficiles, transfiguration du héros

    Sphère d’action de la PRINCESSE (ou personnage recherché) et de SON PÈRE
    → demande d’accomplir des tâches difficiles, imposition d’une marque, découverte du faux héros, reconnaissance du héros, punition du second agresseur, mariage

    Sphère d’action du MANDATEUR
    → envoi du héros

    Sphère d’action du HÉROS
    → départ en vue de la quête (uniquement pour le héros-quêteur), réaction aux exigences du donateur, accomplissement des tâches difficiles, mariage

    Sphère d'action du FAUX-HÉROS
    → départ en vue de la quête, réactions aux exigences du donateurs (réactions toujours négatives), prétentions mensongères

    Répartition entre sphère d’action et personnages.

    Il y 3 possibilités :
    - la sphère d’action correspond exactement au personnage
    - un seul personnage occupe plusieurs sphères d’action
    - une sphère d’action se divise entre plusieurs personnages
    (exemple de l’auxiliaire : certains auxiliaires remplissent les 5 fonctions, d’autres seulement quelques unes, d’autres ne remplissent qu’une seule des 5 fonctions ; ils sont donc plusieurs personnages dans la sphère d’action de l’auxiliaire)

    Les différentes manières d’inclure de nouveaux personnages dans le cours de l’action.

    l’agresseur :
    la première fois, se montre latéralement (approche furtivement, etc.) puis disparaît
    la seconde fois, se présente comme un personnage qu’on cherche

    le donateur :
    rencontré par hasard (dans un champ, sur la route, dans la rue, etc.)

    l’auxiliaire magique :
    introduit en tant que don, ou comme le donateur s’il n’y a pas de donateur dans le conte

    le mandateur, le héros, le faux héros, la princesse :
    font partie de la situation initiale ; le faux-héros n’est parfois pas présenté dès le début, on apprend par la suite qu’il fait partie de la cour, de la maisonnée, etc.
    la princesse se montre en deux fois : elle apparaît la seconde fois comme le personnage recherché ; le quêteur peut la rencontrer d’abord, puis l’agresseur ensuite, ou inversement

    Si un personnage agit dans plusieurs sphères d’action, il est introduit selon son premier rôle dans le conte.

    Particularité de la situation initiale.

    Il est aussi possible d’introduire tous les personnages dès le début. Deux formes fondamentales de la situation initiale :
    - le quêteur et sa famille
    - la victime de l’agresseur et sa famille
    Il est possible de réunir les deux ; le quêteur et la victime sont alors de la même famille. Dans ces cas-là, quand le quêteur part à la recherche de sa sœur/mère/fille/etc. enlevée, il découvre en même temps la princesse qui a été enlevée autrefois (on dit que l’enlèvement de la princesse est antidaté dans ces cas-là).

    La naissance du héros peut constituer un élément important de son entrée en scène. La naissance a souvent lieu dans des circonstances merveilleuses, parfois accompagnée d’une prophétie sur son destin. Les attributs du futur héros sont révélés dès le début, avant même que l’intrigue se noue.

    Comme déjà souligné, la situation initiale présente ou dépeint un bonheur particulier. L’image est parfois très pittoresque et colorée, servant de fond contrastant avec le malheur qui va arriver.

    Si tous les personnages sont présentés dans la situation initiale, l’agresseur devient un parent du héros. De même pour les autres.

    Les attributs des personnages et leur signification.

    Les attributs des personnages (qualités externes : âge, sexe, situation, apparence physique avec ses particularités, etc.) permettent de les caractériser à la fois dans leur comportement mais aussi dans leur fonction.

    Éléments de liaison entre différentes séquences au sein de la même histoire.

    - une séquence succède immédiatement à une autre
    - une nouvelle séquence commence avant que la précédente soit terminée ; l’action est interrompue par une séquence épisodique, elle reprend une fois que l’épisode est fini
    - l’épisode peut être interrompu à son tour
    - le conte peut commencer par deux méfaits, l’un devant être réparé avant l’autre
    - deux séquences peuvent avoir une fin commune
    - il y a parfois deux quêteurs, qui se séparent en milieu de séquence ; le moment, l’élément de séparation est appelé disjoncteur ; ils se séparent après s’être transmis un objet signalisateur (mouchoir, miroir, etc.)

    Une séquence peut se terminer positivement et l’autre négativement.
    Un triplement est possible : 2 premières séquences (avec deux personnages différents) qui échouent, la dernière (avec le héros) réussie
    Un objet magique obtenu dans la première séquence pourra n’être utilisé que dans la seconde.




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