Le Cercle Littéraire

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    La comptine traditionnelle francophone

    Hamilcar
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    Humeur : Lhamasticocoricot
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    Message par Hamilcar Dim 19 Oct - 21:03

    La comptine traditionnelle francophone


    Cette petite fiche a pour but de vous donner quelques explications au sujet de la comptine et autres chansonnettes pour enfants, afin que vous puissiez créer les vôtres pour votre propre roman.

    Source :
    D'après l'introduction de Anthologie de la comptine traditionnelle francophone, par M.-L. Caëtano.



    La comptine et autres chansonnettes pour enfants ont toujours peuplé les cours de récréation. Elles sont représentatives d'une culture populaire, d'un patrimoine qui se transmet oralement d'enfant à enfant.

    Les origines de la comptine

    Les comptines existent depuis l'Antiquité, même si leur origine reste inconnue. Leurs auteurs sont anonymes, il peut souvent s'agir de l'invention des parents pour amuser ou occuper les enfants. Elles peuvent même avoir eu un but plus sérieux avant que les enfants se les approprient : par exemple, les comptines numériques, qui servent à apprendre les chiffres.

    La comptine évolue avec son temps, et les allusions historiques ne manquent pas. C'est un bon moyen de les dater, selon les événements auxquels elles se réfèrent.
    L'évolution de la comptine peut aussi se manifester sous la forme de variantes : elles sont tout aussi caractéristiques (époque, région, âge...).

    Mais pour la grande majorité, les comptines sont difficiles à dater et semblent exister depuis toujours : leur langage ou les structures archaïques qu'elles utilisent laissent croire qu'elles sont anciennes.

    Les variantes

    En tant que patrimoine oral, il est difficile de recueillir l'intégralité des textes, qui sont soumis à de nombreuses variations. Ces variantes s'expliquent par différents éléments : la mémoire, le régionalisme, l'audition ou la compréhension des enfants.
    Ainsi, si l'enfant ne se rappelle pas d'un des éléments du texte, il le remplacera par un autre, quelque chose de plus familier et qui pourra s'intégrer facilement.
    Le régionalisme influence les textes, en utilisant des noms de lieux ou d'objets ou autres, connus et familiers dans la région. À l'opposé, des mots à consonance exotique peuvent être privilégiés.
    Comme pour tout, l'enfant retiendra moins bien ce qu'il ne comprend pas. Ainsi, l'enfant modifiera un texte pour y mettre plus de sens, tout en gardant les mêmes sons et le même rythme.
    Le phénomène d'audition explique certaines variantes : des glissements entre des sons proches peuvent se produire.

    Ces deux derniers phénomènes s'illustrent avec la comptine « Pomme d'api ».

    Comptine d'origine :
    Pomme de reinette et pomme d’api
    D’api d’api rouge
    Pomme de reinette et pomme d’api
    D’api d’api gris.


    Variante 1 :
    Pomme de reinette et pomme d’api
    tapis tapis rouge
    Pomme de reinette et pomme d’api
    tapis tapis gris.


    Variante 2 (issue de la variante 1) :
    Pomme de reinette et pomme d’api
    petit tapis rouge
    Pomme de reinette et pomme d’api
    petit tapis gris.


    On observe que les sons [ a ] et [ i ] ont été gardé, ainsi que le mot « rouge » ; les sons [ d ] et [ t ] sont très proches phonétiquement parlant. Ainsi, ne comprenant pas l'expression « d'api rouge », l'enfant le remplace par un mot ressemblant et qu'il connaît : « tapis rouge ».

    Un peu de vocabulaire

    Bien que l'on ait cherché à catégoriser les différents types de textes enfantins, il serait idiot de croire que les enfants tiennent compte de ces classements : ils utilisent allègrement n'importe quel texte pour presque n'importe quelle situation, au gré de leurs envies.

    Il est à noter que de grandes lacunes existent sur ce thème dans les dictionnaires, qui s'intéressent assez peu au folklore enfantin.

    La comptine et l'enfantine

    Le mot comptine est assez récent puisqu'il date de 1926, attribué à Pierre Roy lorsqu'il publie ses Cent Comptines. La comptine est un petit texte rimé, mais sans structure littéraire établie, dont le rythme est scandé, et que les enfants chantent ou récitent avant de commencer un jeu, en comptant les syllabes pour déterminer celui ou celle qui jouera un rôle particulier. Les comptines sont des énoncés performatifs (on fait en même temps qu'on dit), où le compteur déclare que le joueur désigné à la dernière syllabe n'est pas « le loup ». Celui qui reste à la fin devient le loup.

    Le mot comptine vient évidemment de compter (le meneur compte les autres enfants en scandant chaque syllabe). Les comptines peuvent parfois jouer sur les chiffres pour renforcer cet aspect.

    Aujourd'hui, le mot comptine est devenu plus générique, et désigne tout texte enfantin sans distinction. C'est aussi la définition actuelle du mot enfantine.

    Les formulettes et jeux de doigts

    Une formulette est une petite phrase, rarement chantée, qui accompagne un jeu de doigts ou peut avoir un but incantatoire.

    Exemple d'un jeu de doigts appris aux bébés :
    Grand front
    Beaux yeux
    Nez de cancan
    Bouche d'argent
    Menton fleuri
    Guili guili !

    Tout en récitant cette formulette, chaque élément du visage est touché. Cette formulette fait également partie des comptines d'apprentissage, sur lesquelles nous reviendrons un peu plus loin.

    Exemple de formulette à but incantatoire :
    Escargot biborne,
    Montre-moi tes cornes,
    Si tu m'les montres pas,
    Je te casse ta maison !


    La formulette est donc une petite poésie enfantine sans réelle structure et qui développe l'aspect sonore et la musicalité des mots. Ces aspects ne se retrouvent pas dans la comptine au sens strict : le but de la comptine n'est pas seulement les jeux sonores, alors qu'ils sont primordiaux dans la formulette.

    Kyrielle, randonnée et tape-mains

    Une kyrielle désigne au départ une longue suite de paroles, telle une litanie, une série d'êtres ou de choses. On parle donc d'une kyrielle de reproches ou d'une kyrielle d'enfants. La kyrielle ou rime kyrielle est aussi une ancienne pièce de poésie française.
    Le jeu de la kyrielle consiste à enchaîner des mots ou groupes de mots de sorte que la dernière syllabe de celui qui précède soit reprise comme première syllabe de celui qui suit. Une des plus célèbres kyrielles est « Trois p'tits chats ».

    On peut également appeler ce texte une randonnée, et l'associer au tape-mains. Ces jeux sont surtout pratiqués par les filles à l'école primaire, et sont un jeu à part entière, associant le chant au fait de taper dans ses mains pour s'amuser. Les frappes se font selon un règle et un ordre précis que les enfants se transmettent.

    Il faut toutefois différencier les véritables kyrielles comme « Trois p'tits chats » qui forme une sorte de « domino verbal » (Andy Arleo), des autres randonnées comme « Quand Fanny était un bébé », qui elle « forme un récit cohérent, qui met en scène le cycle de vie imaginaire et fantaisiste d’une femme, du berceau à la tombe, et même au-delà. Tout en parodiant le monde adulte, cette histoire permet à l’enfant de conceptualiser le temps, la croissance et la mort. »
    Cette comptine est également sujet à variations puisque les fillettes peuvent remplacer « Fanny » par leur propre prénom ou celui d’une amie.

    Le virelangue

    Le virelangue est une locution, une phrase ou un groupe de phrases, caractérisé par sa difficulté de prononciation, de compréhension orale, voire des deux à la fois. Il faut répéter ce texte le plus rapidement et le plus longtemps possible. À un moment donné, la phrase se déforme pour devenir différente, ou inintelligible, ou encore faire ressortir un mot cru. Le virelangue le plus connu est « Les chaussettes de l'archiduchesse sont-elles sèches, archisèches ? »
    Le mot lui-même est un néologisme provenant du mot anglais tongue twister : qui fait tordre la langue. Mais il désigne un jeu de mots très ancien : c'est un exercice d'articulation, « mais aussi un jeu sur le décodage des énoncés, qui par ailleurs contiennent souvent des pièges visant à faire prononcer ou à faire entendre un mot tabou ». Les virelangues sont par exemple très utilisés par les orthophonistes.
    Un exemple de virelangue piège :
    Pruneau cuit, pruneau cru

    La berceuse

    La berceuse désigne au départ la personne qui berce l'enfant pour l'endormir, puis la chanson ou l'air destiné à endormir l'enfant (il désigne également un type de fauteuil).
    La berceuse se caractérise par un rythme très régulier et une « monotonie du dessin mélodique, dont le retour périodique et incessant, agissant chaque fois plus vivement sur les sens, calme les nerfs et provoque le repos ». Les paroles sont simples, n'ayant parfois ni lien logique ni sens, et pouvant même être une suite d'onomatopées : elles ne doivent pas retenir l'attention de l'enfant puisque la berceuse est destinée à l'endormir. La plus célèbre est « Dodo, l'enfant do ».

    La ronde

    La ronde est une danse où plusieurs personnes forment un cercle en se tenant par la main et tournent en rond. C'est également la chanson de cette danse. C'est une chanson à refrain, où chaque couplet est chanté par une personne, et le refrain en chœur ; chacun chante à son tour, et la danse s'exécute sur le rythme de la chanson.
    Il est à noter que de nombreuses rondes font références à leur région d'origine.
    « Sur le pont d'Avignon », « Sur le pont du Nord » ou encore « La danse du Limousin » sont des exemples de rondes.

    L'expression « chanson pour enfants »

    À l'origine, la plupart des chansons sont créées par des adultes pour des adultes. Les enfants se les sont appropriées et les ont modifiées à force de les entendre. Mais elles ne sont pas adaptés à leur âge. Aujourd'hui, il y a des chanteurs et musiciens qui composent spécialement pour les enfants.
    Nous appelons chanson pour enfants tout texte chanté par des enfants, contenant un refrain et des couplets. Ce schéma refrain-couplet et la longueur différencient donc les « chansons pour enfants » des « comptines chantées ».
    Les rondes, berceuses et canons sont des types de chansons pour enfants.
    « La mère Michèle » ou « Le Roi Dagobert » en sont des exemples.

    L'emprô

    L'emprô est le nom suisse pour comptine. On parle aussi de l'emprô genevois, et on dit emproger pour commencer le jeu. Le texte de l'emprô est le suivant :
    Emprô, Girô
    Carin, Careau
    Dupuis, Simon
    Carcaill', Briffon
    Piron, Labordon,
    Tan té feuille, mouille
    Tant té clu.
    [/b]


    Dernière édition par Ethelinda le Mer 3 Déc - 15:45, édité 3 fois
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    Message par Hamilcar Dim 19 Oct - 21:06

    Classement par genres


    Il serait stupide de croire que l'on peut classer toutes les comptines et leurs variantes dans des cases précises ; comme dit plus haut, les enfants se moquent bien de nos classements. On peut toutefois dégager de grandes catégories, en gardant à l'esprit que certaines comptines pourront appartenir à l'une ou l'autre, ou à plusieurs à la fois, selon leur thème ou leur utilisation par les enfants. Les genres présentés ci-dessous ne servent qu'à se faire une idée générale des différentes comptines qui existent.

    Les comptines d'apprentissage

    Comme l'indique leur nom, les comptines d'apprentissage sont généralement destinées à aider les enfants à apprendre. Le rythme et la musicalité des mots aident grandement à la mémorisation.

    Schéma corporel

    Ces comptines permettent de faire découvrir son corps à l'enfant et lui permettent d'apprendre le schéma corporel tout en s'amusant. Dans ce cas, le geste se joint à la parole pour désigner chaque partie du corps qui est nommée. Il peut aussi s'agir du visage, ou des doigts.

    Exemple :

    Grand front
    Le front (Touchez du doigt les diverses parties du visage.)
    Beaux yeux
    Les yeux
    Nez de cancan
    Le nez
    Bouche d’argent
    La bouche
    Menton fleuri
    Le menton
    Guili guili !

    L'alphabet

    D'autres comptines servent à découvrir et apprendre l'alphabet. L'enfant retient mieux car les lettres sont associées à un texte simple, rythmé et rimé.

    Exemple :

    A, B, C, D, E, Mais où sont les œufs ?
    F, G, H, I, J, Non, pas dans mon lit !
    K, L, M, N, O, Pas dans le piano !
    P, Q, R, S, T, Pas dans le grenier !
    U, V, W, Et pour les trouver,
    X, Y, Z, Il faut qu’on nous aide !

    Les chiffres et comptines numériques

    Certaines comptines permettent de découvrir et d'apprendre les chiffres, et aussi à compter. Mais elles peuvent aussi servir aux enfants à débuter un jeu, en désignant "le loup". L'utilisation des chiffres dans le texte explique cet usage par les enfants, même si le but est différent.

    Exemple :

    1, 2, 3, nous irons aux bois
    4, 5, 6, cueillir des cerises
    7, 8, 9, dans un panier neuf
    10, 11, 12, elles seront toutes rouges.

    Jours de la semaine

    Puisque la comptine s'inspire du quotidien de l'enfant, elle exploite tous les thèmes possibles. On trouve donc des comptines destinées à énumérer les jours de la semaine.

    Exemples :

    Bonjour, Madame Lundi,
    Comment va Madame Mardi ?
    Très bien, Madame Mercredi ;
    Dîtes à Madame Jeudi
    De venir vendredi
    Danser samedi
    Dans la salle de Dimanche.

    Lundi matin, l’Empereur, sa femme et le p’tit prince
    Sont venus chez moi pour me serrer la pince
    Comm’ j’étais parti, Le p’tit prince a dit
    Puisque c’est ainsi Nous reviendrons mardi !
    Mardi matin, etc.

    Gamme

    Sans surprise, d'autres comptines permettent de découvrir les notes de musique, tout en apprenant à chanter juste. Les comptines sont, après tout, des chansons, et textes et musiques sont évidemment liés.

    Exemples :

    Do, ré, mi, fa, sol
    Écoutez les notes claires du piano
    Do, ré, mi, fa, sol
    Violon vibre violon chante comme il faut
    Do, ré, mi, fa, sol
    Douce flûte répond, répond en écho

    J’ai perdu le « do » de ma clarinette,
    J’ai perdu le « do » de ma clarinette,
    Ah ! si papa il savait ça, tralala,
    Ah ! si papa il savait ça, tralala,
    Il dirait : Ohé !! Il dirait : Ohé !!
    Tu n’connais pas la cadence,
    Tu n’sais pas danser au pas cadencé.
    Au pas, camarade, au pas, camarade,
    Au pas, au pas, au pas
    Au pas, camarade, au pas, camarade,
    Au pas, au pas, au pas…
    J’ai perdu le « ré » de ma clarinette, …
    etc.

    Les comptines de jeux

    Le début du jeu

    Le début du jeu est marqué par le récit d'une comptine qui sert à désigner ou éliminer l'un des enfants, celui qui aura le rôle du "loup" ou du "chat". En même temps qu'il la récite, le meneur désigne du doigt chacun de ses camarades, jusqu'au dernier qui tient généralement un rôle particulier. Tous acceptent cette distribution des rôles, puisque personne n'a réellement choisi, c'est la comptine qui fait loi.

    On trouve ainsi deux sortes de comptines marquant le début du jeu :
    - la comptine d'élimination
    Exemple :
    Ce sera toi le chat,
    Mais comme le roi ne le veut pas
    Tu n’y seras pas.

    - la comptine numérique
    Exemple :
    1 c’est pour toi le vin
    2 c’est pour toi les œufs
    3 c’est pour toi les oies
    4 c’est pour toi la claque !

    Le début de la comptine, lui, est souvent marqué par un cri "Plouf ! Plouf !". C'est le hasard qui désigne le "chat" ou le "loup".

    Le jeu lui-même

    Certains jeux ont besoin de l’appui de la comptine, comme le fait de sauter à la corde par exemple.

    Exemples :

    La tour Eiffel a trois cents mètres
    Pour y monter il faut payer
    Tous les millions qu’elle a coûté
    Un deux trois ...

    Au palais royal des enchantées,
    Toutes les jeunes filles sont à marier.
    Mademoiselle Isabelle est la préférée
    De Monsieur Pierre qui veut l’épouser.
    Si c’est oui c’est de l’espérance,
    Si c’est non c’est de la souffrance :
    Oui, non, oui, non, …

    Cette chanson est sujette à variante, puisqu'elle peut s'adapter en changeant les prénoms de la fille et du garçon.

    La trêve du jeu

    Pour marquer une trêve ou une pause dans le jeu, l'enfant utilise un cri qui répond au "Plouf !" initial, comme "Cabane" ou "Perché" pour échapper au loup ou au chat en se mettant en zone protégée. Il peut également crier "Pouce !" en l'accompagnant du geste en cas de chute pour ne pas être pris dans un moment de faiblesse.

    De la comptine à la chanson

    La berceuse

    Selon certains auteurs (ce que je trouve assez logique), la berceuse est la toute première comptine qu'entend l'enfant. Il s'agit en réalité davantage d'une chanson que d'une comptine, puisque la musique a ici une très grande importance. La particularité de la berceuse est son rythme très régulier, sa mélodie douce et calme ; si l'enfant sait déjà parler, la berceuse doit également avoir des paroles simples, ou dénuées de sens, une simple suite de sons qui ne retiennent pas l'attention de l'enfant : le but est de l'endormir. De plus, il y a généralement très peu de notes employées (dans la célèbre "Dodo, l'enfant do", on ne dénombre que 4 notes), ce qui permet à la voix de garder le même timbre tout au long de la chanson, le but étant de pouvoir la chanter facilement, à mi-voix.
    Souvent, dans la chanson, on promet à l'enfant une récompense s'il s'endort (bonbon, gâteau, friandise, ou fruit...). On trouve également dans les berceuses des allusions religieuses.

    Exemple :

    Dodo Berline, Sainte Catherine
    Endormez-moi cette enfant
    Jusqu’à l’âge de quinze ans.
    Si l’enfant s’éveille
    Tirez-lui l’oreille
    Si l’enfant dort bien
    Elle aura un gros câlin.

    Font écho aux berceuses les formulettes destinées à éveiller l'enfant le matin, qui ont quant à elles un rythme vif et qui s'accompagnent d'un mouvement ou même de secousses.

    Exemple :
    À dada sur mon bidet,
    Quand il trotte, il fait des pets !

    La ronde

    La ronde possède également un motif mélodique très répétitif, et s'accompagne d'une danse simple : les enfants se placent en cercle, en se donnant la main, et tournent tout en chantant la chanson. Ils s'accroupissent parfois sur la dernière syllabe. La cadence finale peut être marquée par un cri.

    Exemple :

    Rondin Picotin
    La Marie a fait son pain
    Pas plus haut que son levain
    Son levain était moisi
    Son pain n’a pas réussi
    Tant pis !

    La randonnée

    Dans la catégorie des randonnées, on trouve ces chansons destinées à passer le temps, et qui sont relativement longues.

    Exemple :

    Ah ! Tu sortiras Biquette, Biquette
    Ah ! Tu sortiras de ce chou-là !
    On envoie chercher le chien
    Afin de mordre Biquett’
    Le chien n’veut pas mordre Biquette
    Ah ! Tu sortiras Biquette, Biquette
    Ah ! Tu sortiras de ce chou-là !
    On envoie chercher le loup
    Afin de manger le chien
    Le loup n’veut pas manger le chien
    Le chien n’veut pas mordre Biquette
    Biquette n’veut pas sortir du chou
    Ah ! …

    On trouve également les kyrielles qui jouent sur les syllabes, dont la plus célèbre est "Trois p'tits chats" ; celle-ci est aussi appelée "tape-main" puisque les fillettes qui la chantent tapent en même temps dans leurs mains selon un rythme précis.

    Trois petits chats
    Chapeau de paille
    Paillasson
    Somnambule
    Bulletin
    Tintamarre
    Marabout
    Bout de cigare
    Garde-fou
    Fou de rage
    Dentifrice
    Frise à plat
    Platonique
    Nick Carter
    Terrassier
    Scier du bois
    Boisson chaude
    Chaudière
    Ermitage
    Tache de suie
    Suis pas contre
    Contrebasse
    Basse-cour
    Courtisane
    Jeanne d’Arc
    D’arc-en-ciel
    Ciel couvert
    Vermifuge
    Fugitif
    Typhoïde
    Identique
    Tic nerveux
    Vœux de guerre
    Guerre de Troie
    Trois petits chats

    Le plaisir des mots et des sons

    Virelangue et jeux phonétiques

    Cette catégorie vise à jouer sur les sons et les mots, et plaît aussi bien aux adultes qu'aux enfants.
    Selon Andy Arleo, « le virelangue est à la fois un exercice d’articulation et un jeu de langage ; il s’agit également d’un exercice/jeu de compréhension et non seulement de production ; le fort taux de répétitivité phonémique semble affecter surtout les consonnes (allitération) […] ; il existe une catégorie de virelangues-pièges visant à faire prononcer un mot tabou. »

    Exemples :

    – Les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches ?
    – Archisèches !

    Le chasseur Sacha sachant chasser les échasses sans changer son chien cherche son siège chez ce cher Serge !

    6 chats sis sur 6 murs pistent 6 souris qui sous 6 lits sourient sans souci des 6 chats qui les pistent.

    Je veux et j’exige d’exquises excuses.

    Tu t’entêtes à tout tenter, tu t’uses et tu te tues à tant t’entêter. – T’as tout un tas de tics et tu t’éteins ; tu t’attaques à ton teint en t’entêtant Totor, t’as tort, tu te tues et t’as tort.

    Ah pourquoi Pépita, sans répit m’épies-tu ?
    Dans un pré Pépita, pourquoi te tapies-tu ?
    Tu m’épies sans pitié, c’est piteux de m’épier...
    De m’épier, Pépita, pourrais-tu te passer ?

    Pruneau cuit, pruneau cru

    J’ai trop tôt cru

    Jeux de mots

    Les jeux de mots basés sur les répétitions de sons ou les liaisons entre les mots sont plus simples à apprécier pour les enfants. Il est évident que seule une bonne compréhension des paroles permettra d'en profiter.

    Exemples :

    Dans la ferme de m’sieur Dubois
    Il y a sept oies
    Une oie, deux oies, trois oies
    Quatre oies, cinq oies, six oies
    C’est toi ! (Sept oies) La reine des oies !

    Il était une fois
    Une marchande de foie
    Qui vendait du foie
    Dans la ville de Foix
    Elle se dit ma foi
    C’est la dernière fois
    Que je vends du foie
    Dans la ville de Foix

    De l'incantation à la comptine

    Formulette d'incantation

    La formulette est une petite comptine "à intentions magiques" ; elles sont semblables aux formules d'exorcisme, d'envoûtement ou de guérison. Elles conjuguent l'appel propitiatoire et la menace afin de rendre certains êtres (souvent des animaux) favorables, ou obtenir d'eux quelque chose.

    Exemples :

    Escargot biborne,
    Montre-moi tes cornes,
    Si tu m’les montres pas,
    Je te casse ta maison.

    Dieu te bénisse
    Et te rabonisse
    Et te fasse le nez
    Comme j’ai la cuisse
    (formulette de guérison)

    Allusions religieuses

    Tout comme certaines comptines permettent d'apprendre l'alphabet ou l'histoire, d'autres servent à retenir les leçons du catéchisme. Les allusions religieuses sont présentes dans d'autres comptines ou chansons.

    Exemple :
    Le petit Jésus s’en va-t-à l’école
    En portant sa croix dessus son épaule
    Quand il savait sa leçon
    On lui donnait des bonbons
    Une pomme douce
    Pour mettre à sa bouche
    Un bouquet de fleurs
    Pour mettre à son cœur
    C’est pour vous, c’est pour moi
    Que Jésus est mort en croix
    C’est pour vous, c’est pour moi
    Que Jésus est mort en croix

    De l'Histoire à l'histoire : allusions historiques et politiques

    L’Histoire ou la politique inspire les enfants. Même si aujourd’hui ils ne savent pas toujours qui est ce roi ni pourquoi cette chanson est satirique, les enfants chantent « le roi Dagobert » :

    Le bon roi Dagobert
    Avait sa culotte à l’envers
    Le grand saint Éloi lui dit
    Ô mon roi, votre majesté
    Est mal culottée
    C’est vrai lui dit le roi
    je vais la remettre à l’endroit

    Le bon roi Dagobert
    Chassait dans la plaine d’Anvers
    Le grand saint Éloi lui dit
    Ô mon roi, votre majesté
    Est bien essoufflée
    C’est vrai lui dit le roi
    Un lapin courait après moi …

    « Avant d’être une chanson « enfantine », elle fut satirique. Composée au XVIIIe siècle à la fin de l’Ancien Régime, elle décrit les rapports de Dagobert, fils de Clotaire II, avec Éloi son trésorier, très influent à la cour. Si l’on croit la chanson, Dagobert passe pour un roi un peu benêt qui écoute les conseils d’Éloi.
    En réalité, Dabogert qui vécut au VIIe siècle, était un roi juste, courageux et qui avait grand pouvoir. Éloi fut un grand orfèvre qui travailla pour le père de Dagobert, puis qui devint chancelier tant le Roi admirait son savoir-faire et son esprit d’économie. Très pieux, Éloi fut ordonné prêtre puis sacré évêque. Il est devenu le patron des orfèvres.
    La chanson fut écrite pour railler Louis XVI que l’on faisait passer pour un homme sans volonté ni courage. […]
    Plus tard, quand Napoléon fut exilé à l’île d’Elbe, les royalistes le raillèrent, toujours à travers cette chanson. [Elle] fut interdite à cette époque. »

    Un autre exemple, qui est à la fois une comptine de jeu et une comptine comportant une allusion historique :

    Marie-Antoinette
    Femme de Louis XVI
    Condamnée à mort
    Pendant la Terreur.

    Les comptines sont un outil très utile pour faire apprendre aux enfants, et il est dommage qu'à l'heure actuelle elles ne soient pas plus populaires à l'école primaire. Il semble cependant que la comptine ait été revalorisée ces dernières années.

    Comptines sur les êtres humains

    Comme les comptines s'inspirent du quotidien, on en trouve sur les êtres humains. Les personnages sont souvent des figures caractéristiques de la vie de l'enfant : les membres de sa famille, la maîtresse d'école, le curé ou même le gendarme.

    Exemple :

    Trois gendarmes sur un pont
    Qui pêchaient du gros poisson
    La corde se casse
    Ne pleurez pas Madame
    Vous en aurez bien d’autres
    Qui auront les pieds jaunes
    Ou les pieds marron
    Marie-Madelon !

    Comptines sur les animaux

    De la même manière, beaucoup de comptines parlent d'animaux, ou ont des animaux pour personnages.

    Exemple :

    Une souris verte,
    qui courait dans l’herbe
    je l’attrape par la queue
    je la montre à ces messieurs
    ces messieurs me disent
    trempez-la dans l’huile
    trempez-la dans l’eau
    ça fera un escargot tout chaud
    ...

    Comptines sur les objets

    Les comptines portant sur les objets permettent aux enfants de se les approprier. Il s'agit, bien souvent, d'objets familiers du quotidien.

    Autres chansons

    Certaines chansons pour enfants peuvent entrer dans le classement ci-dessus, mais d'autres sont à part car empruntées aux adultes. Elles n'ont que peu de rapport avec les comptines, mais les enfants les connaissent malgré tout.

    Chansons d'amour et de mariage

    Ces chansons pourraient aussi se classer dans les Chansons sur les êtres humains, mais elles ont un thème particulier.

    Exemple :

    À la claire fontaine,
    M’en allant promener
    J’ai trouvé l’eau si belle
    Que je m’y suis baigné
    Refrain : Il y a longtemps que je t’aime
    Jamais je ne t’oublierai
    etc.

    Chansons à boire

    D’autres chansons sont des chansons à boire et les enfants s’amusent à chanter :

    Buvons un coup ma serpette est perdue
    Mais le manche, mais le manche
    Buvons un coup ma serpette est perdue
    Mais le manche est revenu

    La chanson est d’autant plus plaisante qu’après, il faut chanter le texte avec une seule voyelle (« Bavas a ca ma sarpatta a parda … ») et faire cela pour les six voyelles, puis reprendre les sons [an], [on], [in], [oin], etc. Cette comptine peut s’apparenter au virelangue, compte tenu de la difficulté de prononciation.

    Canon

    Le dernier type de chansons est le canon que les enfants aiment chanter entre eux, et qui permet d’apprendre à chanter ensemble en s’écoutant les uns les autres.

    Exemple :

    Vent frais
    Vent du matin
    Vent qui souffle
    Au sommet des grands pins.
    Joie du vent qui passe
    Allons dans le grand...
    Hamilcar
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    Message par Hamilcar Dim 19 Oct - 21:09

    Musique et rythme


    Comptines scandées

    Le rythme fait partie intégrante de la comptine. Avant d’être musique, la comptine est rythme. C'est un paramètre fondamental ; la comptine est souvent considérée comme le niveau minimal de la musique, les sonorités sont réduites, frustres et primaires. D'ailleurs, la plupart des comptines sont scandées et non chantées. La musique et le rythme sont toutefois soumis à des variantes, tout comme le texte.
    Les comptines s'énoncent différemment selon que l'enfant la récite simplement ou joue. Quand il joue, le rythme y est plus lent, plus régulier, et toutes les syllabes ainsi que les e muets sont prononcés.

    La structure rythmique dans les comptines et surtout dans les formulettes est très répétitive.

    « Pour décrire les différentes structures rythmiques, adoptons par commodité les symboles suivants :
    X = syllabe dont la prononciation coïncide avec la pulsation ;
    x = syllabe dont l’attaque ne coïncide pas avec la pulsation ;
    O = absence d’attaque (soit un silence, soit le prolongement d’une note) coïncidant avec la pulsation ;
    o = absence d’attaque ne coïncidant pas avec la pulsation.
    Selon ces conventions, la suite noire-croche-croche-noire-noire s’écrit : « XoXxXoXo », la suite noire-noire-blanche s’écrit « XoXoXoOo ». Le nombre de caractères en majuscule (X ou O) est égal au nombre de pulsations ; le nombre de X ou de x est égale au nombre de syllabes prononcées. Nos conventions, bien qu’elles n’aient pas la précision de la notation musicale traditionnelle, nous permettent d’encoder les structures rythmiques des formulettes d’une façon synthétique. »

    De cette manière, nous pouvons noter :

    « Xo Xo Xo / Xx Xo Xo Xo Oo / Xo Xo Xo / Xx Xo Xo Xo Oo
    Un deux trois / j’i-rai dans les bois / Quatre cinq six / cueil-lir des ce-rises / etc. »

    Ces remarques assez techniques permettent de comprendre le rythme des comptines.

    Comptines mélodiques

    D’autres comptines sont mélodiques, selon Frank Guibat, ce sont « celles qui résistent le mieux à l’usure du temps […] la musique agissant comme moyen mnémotechnique de transmission. » Frank Guibat établit un classement de ces comptines :

    « a. Comptines chantées sur la mélodie d’une chanson ou d’une ronde connues ;
    b. Comptines utilisant un timbre déterminé ;
    c. Comptines dont la musique semble être originale. »

    Ainsi, la comptine « Bateau, ciseau » reprend la mélodie d’une berceuse :

    1. Bateau, ciseau, La rivière, la rivière, Bateau, ciseau, la rivière et le canot.
    2. Dodo, do, do, l’enfant dormira bien vite. Dodo, do, do, l’enfant dormira bientôt.

    Le timbre d’« une poule sur un mur » est aussi celui de la comptine « Ma grand Mère est enfermée ».

    1. Une poule sur un mur, Qui picote du pain dur, Picoti, picota, Lèv’ la queue et puis s’en va.
    2. Ma grand-mère est enfermée, Dans une boîte de chicorée, Quand la boîte s’ouvrira, Ma grand-mère en sortira.

    Le rythme et la musicalité des comptines sont assez complexes à étudier, mais primordiaux pour l’enfant qui découvre par ce biais la poésie et la métrique.
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    Message par Hamilcar Dim 19 Oct - 21:10

    La comptine et les tabous


    Le folklore enfantin est généralement assez cru, ce que les enfants apprécient. Ils peuvent ainsi expérimenter des sujets ou des mots interdits en présence des adultes.

    Le folklore obscène

    Selon Andy Arleo, « l’emploi des textes subversifs, choquants ou obscènes dans les micro-sociétés enfantines [et] les propos à caractère sexuel, n’ont pas forcément le même sens pour un enfant que pour un adulte. De plus, ce folklore transgressif contribue sans doute au développement de l’enfant, notamment sur le plan sociolinguistique, en lui permettant d’expérimenter des tabous langagiers entre pairs et en dehors de la surveillance adulte. »

    Certaines comptines, sans avoir de caractère sexuel, emploient les mots défendus aux enfants.
    Exemple :

    - dans une église où j’ai été,
    une vieille femme y a pété ;
    je lui ai dit : vieille péteuse,
    n’êtes-vous donc pas honteuse,
    de péter devant mon doux Jésus,
    je vous ferai coudre le cul.
    - devant Jésus, si j’ai pété,
    de tout mon cœur j’en suis fâchée ;
    il faut excuser la vieillesse,
    je ne peux plus serrer les fesses ;
    excusez-moi, mon doux Jésus,
    excusez-moi, je n’péterai plus.

    La naissance et la mort

    La mort est une composante courante des comptines. Elle est, en effet, souvent mise en scène avec de nombreux détails.

    « Goût de la dérision, du burlesque des descriptions, les enfants aiment ces chansons où la mort naturelle, accidentelle ou criminelle s’étale au grand jour ; Malbrough est enterré en cinq couplets [...], l’Âne de Jean, Petit Homme l’avocat, Le petit mari connaissent une fin fatale dont on ne nous laisser ignorer aucun détail ! Mais que le Sire de Framboisy sème du persil sur la tombe de sa femme qu’il a empoisonnée ou que les trois enfants soient mis au saloir comme pourceaux, cela intrigue et cela plaît infiniment aux 3-7 ans ! On s’invente encore de telles histoires dans le folklore enfantin actuel, et quand « Fanny » sera morte, on la décrit encore fantôme, poussière, âme au paradis ! » Mais « si la chanson traditionnelle fait la part belle à la mort comme fin normale, la chanson moderne tente de l’ignorer sauf exception. »

    La naissance semble être le seul thème réellement absent des comptines. On ne retrouve les idées de conception, naissance, nouveau-né nulle part ailleurs que dans les chants de Noël, dans lesquels la Vierge semble être la seule à avoir le plaisir de s'occuper d'un bébé.

    Selon Anne Bustarret, « [...] Nativité tue, honteuse, ignorée, enfin fêtée, nommée, sacralisée par les mots et les musiques comme par les images. C’était la force des chansons traditionnelles que d’introduire ces thèmes-clés par inadvertance, sans intention réelle de le faire, à propos d’autres sujets ou personnages. »

    L’enjeu social

    La comptine régit la micro-société qu'est celle des enfants. Elle sert, nous l'avons vu, à désigner le loup ou le chat du jeu. Elle est la règle qui organise la micro-société des joueurs, et les enfants s'y plient comme les citoyens se plient à la loi. Les enfants acceptent cette règle et apprennent grâce à elle à vivre en société.

    La comptine est également un signe de reconnaissance : les enfants connaissant les mêmes comptines font partie du même groupe ; elle est la marque d'appartenance à la communauté. C'est encore la fonction, même chez les adultes, de l'emprô genevois. De ce fait, la comptine peut être un outil d’intégration.

    À l’école, les enfants s’apprennent des comptines, souvent les plus grands aux plus jeunes, et la maîtresse peut aussi les faire chanter pendant la classe. Ainsi des enfants qui au départ n’appartiennent pas à la communauté vont être accueillis, car ils auront le même patrimoine oral. Les comptines vont alors favoriser les liens, tout en abolissant des barrières liées au milieu familial ou social. Comme la « Marseillaise » rassemble les Français, « la souris verte » ou « am stram gram » rassemblent les enfants, mais les comptines sont universelles. Les comptines de langue française, en effet, ne se limitent pas aux Français, mais sont le patrimoine de tous les francophones, et bien souvent il existe un équivalent de ces comptines dans d’autres langues.

    L’enjeu pédagogique

    Les enseignants se servent souvent des comptines d'apprentissage, car elles ont un rôle pédagogique. Mais ce rôle s'étend aussi aux autres comptines : puisqu'elles sont plaisantes, elles sont un bon moyen de faire apprendre beaucoup de choses aux enfants, notamment en français.
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    Message par Hamilcar Dim 19 Oct - 21:13

    L'Art et la comptine


    Comptine et Littérature

    Dès le XIXe siècle, avec les poètes romantique, la littérature s'est intéressée à la comptine. Le plaisir de jouer avec les sons, en abandonnant le sens, a conduit Victor Hugo à écrire :

    Mirlababi surlababo
    Mirliton ribon ribette ;
    Mirlababi surlababo
    Mirliton ribon ribo


    Lamartine s'inspire des formulettes enfantines lui aussi :

    De Montmorency à Paris
    Une vieille bavarde
    Un postillon gris
    Un âne qui regarde
    La corde d'un puits
    Des roses et des lys
    Dans un pot de moutarde
    Voilà le chemin
    Qui mène à Paris.


    Au XXe siècle « des poètes authentiques avouent présentement leur goût marqué pour ces musiquettes et ces poèmes naïfs, libres, disparates et cocasses. Bien mieux, qu'on se réfère à tels poèmes de Paul Fort, d'Apollinaires, de Fagus, de Max Jacob, d'Henri Michaux, de Prévert, de Philippe Soupault et de la plupart des écrivains surréalistes, et l'on constatera de surprenantes analogies de mètres, de coupes, de rythmes et de vocabulaire avec les comptines (dont ils ont contribué à étendre le renom), comme si ces lettrés étaient revenus consciemment à l'une des sources de la magie poétique, se remettant en état d'enfant pour se livrer sans contrôle au pouvoir « enchanteur » des mots. » Les poètes jouent alors sur la discontinuité et les sons, ce qui souligne la gratuité du texte poétique.

    Robert Desnos a écrit des « Chantefables » dont le modèle est la comptine. Elles renforcent la musicalité de la poésie. Elles sont, en effet, conçues pour être chantées sur n'importe quel air. Dans « le perce-neige », Desnos travaille l'écho :

    Violette de la Chandeleur,
    Perce, perce, perce-neige
    Annonces-tu la chandeleur,
    Le soleil et son cortège
    De chansons, de fruits, de fleurs ?
    Perce, perce, perce-neige
    À la chandeleur.


    Max Jacob écrit une comptine dont le début peut rappeler « am stram gram » :

    Musique acidulée
    Boum ! Dame ! Amsterdam.
    Barège n'est pas Baume-les-Dames !
    Papa n'est pas là !
    L'ipéca du rat n'est pas du chocolat.
    Gros lot du Congo ? oh ! le beau Limpopo !
    Port du mort, il sort de l'or (bis).
    Clair de mer de verre de terre
    Rage, mage, déménage
    Du fromage où tu nages
    Papa n'est pas là.
    L'ipéca du Maradjah de Nepala.
    Pipi, j'ai envie
    Hi ! faut y l'dire ici.
    Vrai ? Vrai ?


    Raymond Queneau propose un art poétique sous forme de comptine et qui est aussi sans la recette pour en écrire une.

    Pour un art poétique
    Prenez un mot prenez-en deux
    faites-les cuire comme des œufs
    prenez un petit bout de sens
    puis un grand morceau d'innocence
    faites chauffer à petit feu
    au petit feu de la technique
    versez la sauce énigmatique
    saupoudrez de quelques étoiles
    poivrez puis mettez les voiles
    où voulez-vous en venir ?
    À écrire
    Vraiment ? à écrire ??


    Ce poète mathématicien reprend aussi les comptines numériques :

    La ronde
    Un deux
    je dis adieu
    trois quatre cinq
    montre-moi tes saints
    six sept huit neuf
    les mariés comme les veufs
    dix onze douze treize quatorze
    que je leur donne un sucre d'orge


    Comptine et Musique

    De par leur universalité, parce que nous baignons dedans depuis notre plus tendre enfance, les comptines ont inspirés beaucoup de musiciens, de manière souvent inconsciente.

    Nous nous souvenons tous de la comptine « Ah vous dirais-je Maman », mais ce que nous ne savons pas toujours, c'est que la musique est de Mozart. Il semble que ce soient des airs assez particulier qui s'inspirent des comptines et notamment des berceuses.
    Julien Tiersot a, en effet, montré que les berceuses sont souvent reprises « dans les nombreux airs du sommeil composés pour les opéras ou autres productions d'un ordre tout artistique ». Le procédé des berceuses « se retrouve employé par des maîtres, et cela, à coup sûr, spontanément, sans la moindre arrière-pensée d'imitation. Nous le trouvons pour la première fois, à notre connaissance, dans un air d'opéra italien du XVIIe siècle, l'Orontea de Cesti. […] Dans le trio des songes de Dardanus de Rameau, le chœur répond de même à l'incantation des solistes par le refrain : Dormez, dormez, murmuré sur deux notes à distance de seconde mineure. » Nous retrouvons ce procédé, à quelques variantes près, « au second acte de l'Armide de Gluck » ou « dans une scène de l'Éclair […] Dans le domaine purement instrumental, Couperin, sous le titre du Dodo, a composé une fort délicate pièce de clavecin ». Julien Tiersot parle alors de « leitmotive du sommeil ».

    « Ainsi, la simple intuition, le sentiment juste de l'expression a conduit des musiciens d'expérience à employer, et, nous le répétons, sans parti pris d'imitation, instinctivement, un procédé que l'on retrouve, exactement pareil, dans la chanson populaire. En faut-il davantage, et peut-on trouver des exemples plus frappants pour caractériser un genre que l'instinct populaire et le génie des maîtres de l'art ont formé de manière si semblable ?
    Dans la symphonie le Titan, dont le troisième mouvement est inspiré d'un conte traditionnel, Malher utilise l'air de Frère Jacques, et ajoute un chant de hautbois. Il se moque ainsi de ses origines, car sa mère lui chantait cette comptine dans son enfance, qu'il a eu difficile : « Depuis l'enfance, le thème de Bruder Martin m'est toujours apparu non pas comme une chanson gaie mais au contraire profondément tragique. » C'est pourquoi ce thème est employé pour décrire le convoi funèbre du chasseur.

    Ainsi les auteurs ou compositeurs, pétris de culture populaire depuis leur enfance, s'en inspire dans leurs créations, certains gardant l'aspect ludique des comptines, tels les poèmes surréalistes, d'autres restant sérieux comme c'est le cas pour les airs du sommeil. Les poèmes-comptines sont tellement proches des formulettes « que nous avons entendu, suprême consécration, ces réussites heureuses servir effectivement à la comptée. »
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    Message par Hamilcar Lun 20 Oct - 13:09

    Quelques ressources

    Belles chansons d'autrefois

    Comptines animées

    Chansons

    Comptines

    Une séquence d'apprentissage

    La comptine comme outil d'apprentissage

    De nombreuses vidéos sur Youtube pour écouter les comptines et autres chansons pour enfants.


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