Puis entre Ehoral. Deux. Deux anges, et personne d'autre autour d'elle ne semble hausser le moindre sourcils. Enora observa donc sidérer la sœur aînée d'Ishra.
Enora, à Ehoral : Bonsoir votre altesse.
Andrea fronce les sourcils devant la façon qu'a ce blanc-bec de le détailler de la sorte. Il lui adresse un regard noir, par mesure de dissuasion. Puis, devant les inepties d'Annaelle, il répond :
Andrea : Vous vous justifiez, mais je n'entends qu'un ventre creux. La poésie a son propre langage, est-ce qu'on traduit de la musique ? Si Keats était si bon, alors il n'aurait pas besoin d'être traduit pour être compris. Vous avez besoin de lui bien plus qu'il n'a besoin de vous.
Aussi inévitable qu'un train de marchandise dans un tunnel, le bébé de la femme rousse se met soudain à vagir. Aussi millimétré qu'un roman russe : quand il y a un pistolet dans une scène, le coup partira avant la fin. Il vide son verre de whisky et l'agite vers Enora en fermant un œil comme redoutant son refus.
Cette dernière avait bien compris que Dante surveillait la tendance alcoolique de son beau frère, mais s'il la regarde, elle l'autorise d'un hochement de tête à le resservir. Puis à l'adresse d'Annaelle, très douce, sans doute pour qu'Andrea n'entende pas :
Enora : J'ai bien peur qu'il ne soit qu'un rabat joie. Vous avez raison de prêter votre corps et votre voix à ces vers. Tous n'ont pas la chance de pouvoir lire ou entendre à travers une autre langue, mais tous changent et grandissent si on le leur offre la traduction ou la transmission dont ils ont besoin.