Tristan (hausse les épaules au peu d'entrain de Yunna à partir dans des explications de termes, et il comprend tout à fait, en fin de comptes les mots ne le préoccupent pas davantage que cela) Z'avez raison, c'pas l'essentiel du tout. (tout sourire, très naturel quand elle s'interroge quant à la danse avec une personne en fauteuil) Oh j'sais pas non plus... j'ai jamais dansé en duo, mais ça doit pas êt' plus difficile qu'avec un binôme debout, 'fin... si on trouve le truc. Dites, z'avez déjà croisé des danseurs... (cherche les mots) un peu atypiques ?
Tandis qu'il restant très attentif à ce que lui dirait Yunna, le garçon expérimenta, essayant d'envisager les possibilités de danser avec un valide, ce qu'il espérait pratiquer au palais ou dans les rues. Levant un bras en l'air, comme tenant la main du binôme, l'infirme envoya son autre main sur une des roues pour faire tournoyer le véhicule sur lui-même, changea de côté, se baissa pour s'imaginer passer sous les bras tendus de la personne, tournant autour, donnant les mains devant, derrière... L'invention fut très brève, tâtonnante, manquant d'assurance parfois - et dura quelques secondes durant lesquelles Lénius riait et frappait des mains, puis s'exclama :
Lénius Fait ainsi cela semblerait presque plus facile qu'avec deux cannes ! (prend conscience soudain de son choix de mot, coup d’œil vers Enora et Léandre tandis que, justement, on semble causer du dénommé Andrea. Les traits de Lénius se font alors moins rieurs, confus qu'il est de sa maladresse alors que l'évocation de ce frère à la canne est de toute évidence un sujet de tension. Le troubadour se racle la gorge, puis à Tristan) Ne te manque plus qu'un binôme, je ne sais qui au palais... et via !
Après un hoquet d'ivrognerie simulée, l'homme difforme rentra exagérément la tête dans ses épaules tel un enfant à l'évocation des bouteilles qu'il s'est bien chargé de vider - mais c'est que son jeune compère y a participé aussi, quelle injustice que cela tombe sur lui ! Ils s'échangèrent des œillades amusée.
Lénius (rigolard et torché, à Yunna, qui regrette l'esprit acéré de la belle disparue) Dommage oui. Tant d'autres choses acérées céans ne seront pas suffisantes à remplacer, je veux bien le croire !
Les deux amis se calmèrent et sourirent à l'idée d'imaginer Salomé ou bien Dante et Yunna dansant un tango ce soir. Belle leçon que cela donnerait à admirer. Mais l'un et l'autre déclinèrent l'idée. Puis, dans une mimique éblouie comme venant d'entendre une révélation, mais surtout taquine, Lénius opina du chef et répondit pour Léandre :
Lénius. Vous avez raison ! Ce pourquoi vous avez la parole si peu facile - tout se démontre. Et moi, moi... je suis bavard et fou, oh archifou... Quel imbécile a dit, déjà, que la raison était cette chose du monde la mieux partagée ?! (quand Léandre évoque les vertus désinhibitrices de l'alcool, le bouffon saisit une bouteille qu'il envoie glisser sur la table vers le duc) Tenez donc, au cas où !
Et quitte à être lancé à dire des conneries, pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Toujours avec cette mine et une intonation pas sérieuse pour deux sous, au retour de la fillette il s'exclama juste derrière Enora :
Lénius. Revoilà notre princesse ! Comme elle a grandi depuis la dernière fois ! (sauf que lui l'a vue il y a moins d'une heure, mais ce genre de phrases l'amusent)
A la "plaisanterie", le regard circonspect de Jérémie glissa de Lénius à Enora en passant par Cassandre et Salomé. Tristan, un peu gêné, a pris l'arrête de son nez entre deux de ses doigts avant d'avaler quelques cacahuètes. Il rendit à la petite Cassandre son sourire radieux, suivi de Lénius lui aussi toujours enclin à faire le guignol en présence d'enfants.
Tous deux s'amusèrent, très attendis, de la petite scène qui se joue ensuite entre la danseuse et la fillette par tirage de langue interposés.
Lénius (à la question de Cassandre, s'avance) Bien sûr ! Tu veux jouer un petit peu de lyre ? (tend au mieux son gros bras tordu pour attraper derrière lui l'instrument, qu'il avait rattaché aux poignées de son fauteuil après le numéro)
A la proposition, les lèvres de Tristan s'étirèrent dans un large sourire, tout curieux de la leçon de musique qui allait peut-être se jouer. Il eut pour Cassandre un regard complice et encourageant, comme disant "je suis sûr que tu seras une chouette élève !" Il ne se défit pas de son humeur réjouie, bien au contraire, en entendant Enora avouer à son tour qu'elle était artiste et jouait de la harpe !
Jérémie poussa un petit rire à la remarque quant au papa piquant, grattouillant sa propre barbe de trois jours, avant de se caler bien dans son fauteuil, les bras épousant les accotoirs pour assister à l'éventuelle leçon de musique qui promettait d'être aussi instructive qu'attendrissante. Gardant un œil sur Lénius et Cassandre, il rendit à Léandre son discret sourire, détendu qu'il était à présent.
Jérémie (à Léandre, au sujet de la radieuse ténacité d'Enora) J'ai eu la chance de voir cela, oui. (tourne légèrement la tête vers Enora à ces mots, l’œil teinté d'un reste de souvenir, de reconnaissance, et à présent d'admiration pour l'artiste découvert en elle.Revenant sur Léandre, enjoué) Architecte, oh ! Art et science, exactement. (défilent alors dans sa tête ses lectures quant aux ingénieuses inventions du siècle passé en la matière, mais aussi aux portances des cathédrales et autres subtilités fascinantes) Un genre d'édifice est votre spécialité ? Ou un style ? (un temps) Je suis auteur.
Le sujet de l'art et des constructions intéressa beaucoup Tristan, qui s'était légèrement avancé, mais tout discret et sans rien dire, simplement pour écouter et apprendre.