Le Cercle Littéraire

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    Commencer une histoire — En construction

    RaphaëlLIII
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    Message par RaphaëlLIII Dim 8 Jan - 23:50


    Introduction

    I – Le début In media res
    II – Le flashback

    III – Le prologue


    Dernière édition par RaphaëlLIII le Dim 29 Jan - 20:39, édité 3 fois
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    Message par RaphaëlLIII Dim 8 Jan - 23:50

    Rien ne commence jamais.
    Il n'existe aucun instant initial; aucun mot ni aucun endroit d'où cette histoire ni aucune autre puisse jaillir.
    Les fils qui tissent un conte peuvent toujours être retracés jusqu'à un conte plus ancien et jusqu'à ceux qui l'ont précédé; même si les relations semblent de plus en plus ténues à mesure que s'estompe la voix du conteur, car chaque époque exige que le conte soit dit comme s'il était son oeuvre.

    Clive Barker, Le royaume des Devins
    Cela voudrait-il dire qu’on ne peut pas commencer une histoire ? Qu’on se rassure, ces réflexions ont un tout autre objet, très intéressant lui aussi. D’ailleurs, Clive Barker commence bel et bien son roman (un chef-d’œuvre, d’ailleurs) : «…c’est à cet instant —faute de mieux– que notre histoire prend son envol».
    Cette fiche, quant à elle, commence avec des questions.
    La première : Un début est-il un prologue ? Pas nécessairement. Il peut tout à fait être un premier chapitre.
    La deuxième : À quoi sert un début ?
    →À poser le cadre ? Beaucoup de cadres (les univers de fantasy et de science-fiction, par exemple) sont trop riches pour être totalement posés dès le début. On peut en poser quelques bases, mais beaucoup d’éléments viennent au fil de l’histoire. JRR Tolkien commence son Seigneur des anneaux en décrivant les hobbits, mais sa Terre du Milieu est très loin de se résumer à la Comté.
    →À lancer l’histoire ? C’est une possibilité. Le début montre l’épisode qui va déclencher l’histoire. Ou pas ! Souvent, le début pose une partie du cadre ou présente le personnage principal. C’est une spécialité de Stephen King.
    L’utilité du début est de ferrer le lecteur, de lui donner envie de tourner les pages suivantes. Tout en posant des bases (le cadre, les personnages) et/ou en lançant l’histoire, bien entendu.
    Comment y parvenir ? Clive Barker aime bien débuter avec des réflexions poétiques comme celle que j’ai citée au début. Une manière originale et intéressante… que je ne conseille pas. Pourquoi je ne conseille pas quelque chose que j’apprécie ? Parce que cela exige le talent et l’expérience de Clive Barker.
    D’autres façons fonctionnent très bien. Elles ont pour but d’installer du rythme ou du mystère. Ou les deux à la fois.

    Afin d’illustrer les façons que je propose, je vais écrire les débuts de romans qui ne correspondent à aucun projet. Voici leurs résumés :

    La palette des enfers : Elijah, une jeune peintre, ne parvient pas à comprendre pourquoi ses toiles sont de plus en plus étranges. Comme si elle était possédée au moment de peindre ! Folie ou malédiction ?
    Loire sanglante : Le capitaine Groskrox et sa jeune partenaire Tanis, de la Criminelle, sont envoyés dans un village sur une île de la Loire afin d’élucider une série de meurtres atroces. Ils vont apprendre à leur dépens que si les tueurs en série sont des monstres, les monstres ne sont pas forcément des tueurs en série.
    Instinct de chair : Ombrage, une journaliste, tient le scoop de sa vie : la psychopathe cannibale Kean accepte de la recevoir dans sa cellule afin de lui raconter l’histoire de sa vie.
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    Message par RaphaëlLIII Lun 16 Jan - 1:08

    I – Le début In media res

    Célèbre expression latine qui se traduit par Dans le feu de l’action. Au lieu de laisser l’intrigue s’installer au fil des pages, on débute avec une scène d’action, ou le premier meurtre, ou… quelque chose de bien nerveux. Un démarrage sur des chapeaux de roue.
    Ce début convient très bien au thriller.
    C’est la manière favorite de Dean Koontz :
    La maison interdite s’ouvre avec Frank Pollard s’éveillant dans la rue. Il entend une étrange mélodie et sait qu’il doit la fuir. Mais qui est son poursuivant ? Pourquoi veut-on le tuer ?
    Fièvre de glace commence avec Jim Ironheart en pleine transe.

    En réussissant un tel début, on est sûr de ferrer son lecteur. Mais il comporte un danger : le risque de spolier son intrigue. En démarrant vite, on donne des indices… et ils peuvent s’avérer excessivement limpides et donner des éléments trop tôt.

    Pour Loire sanglante, ça pourrait être le premier meurtre :
    Jeannot fuyait. Il avait vu cette silhouette en cape noire, cette lame briller sous la Lune. Derrière lui, les bottes claquaient de leur pas lourd et sournois. Mais trop rapide… Jamais il ne sèmerait cette ombre !
    Non, il ne devait pas penser de telles choses. Lui échapper… C’était ça qui devait résonner dans sa tête, y tourner en boucle. Lui échapper...
    Ses poumons essoufflés le brûlaient. Un goût métallique d’épuisement envahissait sa bouche. Ses jambes fatiguées le suppliaient de cesser cette course folle. Mais il ne s’arrêta pas. Ce long couteau n’attendait que sa chair…
    La Loire, devant lui. Il tourna à droite, le long du fleuve. Et le tambour morbide des bottes le suivait toujours. Plus proche ? Non, impossible…
    Quelque chose de froid se planta dans son dos. Il s’écroula.

    Est-ce qu’Instinct de chair s’y prête ? Eh bien, si Ombrage est déjà face à Kean :
    – Alors c’est vous, la petite journaliste ! salua Kean.
    Un sourire vorace fendait son visage.
    Ombrage sortit son dictaphone. Les gardiens avaient examiné l’appareil, comme si elle avait pu y cacher quelque chose de plus dangereux que la carte SD.
    – Vous comprenez, je voulais pas me confier à celui qui avait couvert mon procès…
    – C’était votre droit.
    La reporter tentait de cacher son malaise sous le regard perçant de la prisonnière. On l’avait prévenue : Les yeux cillent pratiquement jamais !
    – Bien. Avant de commencer, je voudrais vous signaler que vous pouvez préciser que tout ce que vous direz ne sera pas forcément publié dans mon article. Il vous suffit de préciser Confidentiel et…
    – Ce sera notre petit secret, c’est ça ?
    La bouche ouverte laissait voir ces dents taillées en pointe qui avaient dévoré tant de victimes.
    – On va dire ça comme ça.

    Il y a action et action. Celle de La palette des enfers est bien plus subtile :
    Elijah tiqua. Cette peinture ne ressemblait pas à son travail d’hier soir. Ce lac, la forêt et le ciel qui s’y reflétaient sortaient bien de son imagination. Et pourtant, quelque chose n’allait pas. Mais quoi ?
    Elle recula en espérant qu’une vue d’ensemble de la toile lui révèle le détail qui clochait.
    C’est moi qui ai peint ça ?
    Deux petits points très clairs entre deux arbres, dans l’ombre des feuillages. Elijah regarda de plus près.
    Deux yeux phosphorescents.
    Elle sursauta. Quand avait-elle peint ça ? À moins que quelqu’un ne se soit introduit dans son loft cette nuit, pendant son sommeil… Sans qu’elle n’entende rien ?
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    Message par RaphaëlLIII Dim 29 Jan - 20:22

    II – Le flashback

    En français, «retour en arrière».
    Le début du récit n’est pas le début de l’histoire, mais une étape ultérieure. J’apporte une précision : un début en flashback n’est pas forcément un prologue ! Le prologue, c’est encore autre chose.
    Stephen King réussit au deux débuts avec ce procédé :
    Salem : les deux héros ont quitté Jerusalem’s Lot depuis un bon moment, mais savent qu’ils doivent y retourner pour vraiment tourner la page. À noter un procédé très réussi pour les rendre mystérieux : ils ne sont pas nommés une seule fois, ne sont appelés que «l’homme» et «l’enfant». Le début proprement dit se fait au chapitre suivant, quand Ben Mears («l’homme») arrive à Jerusalem’s Lot pour s’y installer.
    La ligne verte : «Ça s’est passé en 1932» commence Paul Edgecombe, le narrateur. Lorsqu’il écrit sont histoire, 1932 est loin. Il est âgé et patient d’une maison de retraite. Qu’est-ce qui s’est passé en 1932 ? On le sait au chapitre suivant (en fait le premier épisode : La ligne verte est un feuilleton) : c’est l’arrivée au bloc des condamnés à mort d’une prison, où Paul était gardien.
    Christopher Golden, un auteur moins célèbre, réussit tout de même un bon flashback avec L’illusionniste : le narrateur et héros (non, le narrateur et le héros ne sont pas forcément un même personnage ! Les enquêtes de Sherlock Holmes ne sont pas narrées par le grand détective lui-même, mais par le docteur Watson. Et avant ce tandem, il y a eu Auguste Dupin, dont les enquêtes sont narrées… par le meilleur ami) fuit une menace dans les rues de Londres. Mais quelle menace ? Il faut attendre le premier chapitre pour commencer à voir comment il en est arrivé à cette situation.

    Souvent, mais pas forcément, un début en flashback se passe in media res. Marty, dans L’illusionniste, est in media res. Mais l’homme et l’enfant de Salem suscitent des questions dans un climat ordinaire, et Paul Edgecombe commence tout simplement à écrire son histoire.
    Plus encore que pour le début in media res dans la mesure où on commence son récit après le début d’une histoire, on risque de spolier. Quoique… cela peut être voulu. Ruth Rendell n’hésite pas à commencer son Analphabête par :
    C’est parce qu’Eunice Parchman ne savait ni lire ni écrire qu’elle avait tué les Coverdale.
    Si vous voulez réussir une intrigue en la débutant comme ça, attention ! Vous dites déjà comment l’histoire va finir, c’est à vous de savoir rendre insupportable l’attente de cette fin. Je conseille franchement d’attendre d’avoir beaucoup de métier avant de s’embarquer là-dedans ! Nous ne sommes ni les uns ni les autres des reines ni des rois du polar…

    Qu’est-ce que ça donnerait pour Loire sanglante ?
    Un tintement de douleur dans son crâne lourd le réveilla. Quelque chose pressait ses poignets, entaillait leur peau. Une odeur humide et âcre de cave s’engouffra dans ses narines. Ses paupières, pesantes et molles, daignèrent s’ouvrir. Enfin, ses yeux lui révélèrent des murs sombres et sales. À travers un soupirail, la lumière du jour parvenait à se glisser en une clarté laiteuse.
    – Lieutenant Groskrox ! se moqua une voix derrière lui. Dites-moi un peu : votre équipière, elle a établi quel profil de moi ? Est-ce qu’elle pense que j’ai eu une enfance malheureuse ? Est-ce qu’elle imagine les petits animaux que je torturais quand j’étais gamin ?
    Ne pas répondre. Se concentrer sur les souffrances à venir. Dans un film d’action bien téléphoné, Tanis débarquerait, accompagnée de renforts, juste au moment où une lame étincelante effleurerait la gorge du beau flic. Mais Bernard Groskrox n’oubliait pas dans quelle réalité il vivait. Déjà, ses cheveux gris et son visage banal l’éloignaient de ces gros bras et autres jeunes premiers d’Hollywood. Ensuite, la petite Tanis ne pouvait pas savoir où se trouvait cette foutue cave.
    – Allez, quoi ! Elle a dit quoi, sur moi ? C’est Tanis, qu’elle s’appelle, c’est ça ? Zoé Tanis ?
    Comment se malade pouvait-il le savoir ?
    Bernard tenta de bondir, mais une chaîne rattachait ses menottes à un mur.
    – Comment Tanis me voit ? S’il vous plaît…

    Et le chapitre suivant pourrait s’intituler «Quatre jours plus tôt».
    Quant à La palette des enfers, voici ce que pourrait donner un début en flashback :
    – Coucou ! salua Elijah.
    Aucune de ses toiles ne lui répondit. Pas un seul de ces démons peints ni de ces monstrueux animaux crayonnés n’ouvrit son mufle. Mais les éclats malsains de tous ces yeux blancs lui réclamaient quelque chose.
    – Oui, je sais ce que vous préféreriez : vous préféreriez rester chez Maman. Mais Maman, elle a la gloire en vous vendant, c’est ça le problème !
    Aucun regard ne changea. Les avait-elle mal compris ?
    – Oh ! Au temps pour moi ! Vous pouvez supporter de changer de propriétaire, mais… Non, ne me dites pas qu’il vous en faut encore un !
    Elle avait espéré sortir de cette ignoble spirale sanglante. Mais non ! C’étaient encore eux qui tenaient les rênes ! Est-ce que cela finirait un jour ?
    Et comment tout avait commencé, déjà ? C’était le mois dernier…

    Et une petite phrase finale —pas obligatoire du tout– pour amener la suite, qui sera le commencement à proprement parler de l’histoire.
    Qu’en serait-il pour Instinct de chair ?
    2:07. Ces chiffres en épaisses diodes bleues éclairaient de leur lueur le visage endormi d’Ombrage, le teintaient d’une couleur cadavérique. Sous les yeux fermés, les pommettes se crispèrent, la bouche s’ouvrit sur un gémissement muet. Dans la tête qui se tournait et s’agitait sur l’oreiller, des souvenirs hachés affluaient. La mémoire projetait des images et des paroles, plus sinistres les unes que les autres.
    Le verrou électrique qui bourdonnait et claquait, la grille qui coulissait et révélait la cellule crasseuse.
    Cette femme recroquevillée entre la couchette dérangée et les toilettes, sa tête penchée, ses cheveux hirsutes qui tombaient en une cascade poivre et sel, les affreuses bosses de sa moelle épinière trop courbée.
    – Bonjour Kean !
    Ce sourire cruel et gourmand, ce regard vorace et… lubrique ?
    2:13. Ombrage se réveilla en sursaut, le rire grinçant de Kean résonnait encore dans son cerveau. Ce son hideux n’en finissait pas de s’éloigner.
    Kean. La cannibale…

    Et on enchaîne sur l’histoire, en montrant une Ombrage insouciante qui ne réalise pas vraiment ce qui l’attend. C’est le genre d’effet que permet un flashback : montrer le contraste entre ce qu’étaient les personnages au début de l’intrigue et ce que les évènements ont fait d’eux.


    Dernière édition par RaphaëlLIII le Mar 13 Juin - 22:01, édité 1 fois (Raison : Suite de la fiche, avec un début en flash back pour [i]Instinct de chair[/i])
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    Message par RaphaëlLIII Mar 22 Aoû - 0:04

    III – Le prologue

    Il s’agit d’un premier chapitre que vous intitulez Prologue.
    Non, bien entendu ! Mais le plus souvent, des prologues sont en fait des premiers chapitres séparés des grandes parties des romans. Cette disposition des chapitres ne suffit pas pour obtenir un vrai prologue.

    Voici l’article de Wikipedia sur le prologue
    Et voici le début de cet article :
    Le prologue (du grec προ (pro) : avant, et λóγος (logos) : discours) est la première partie d’une œuvre littéraire ou la première scène d’une œuvre dramatique, faisant office de préface, d’introduction ou de préambule, et servant à situer les personnages et l’action de l’œuvre en exposant divers points essentiels à connaître pour l’intelligence de la pièce.
    Le prologue nous vient du théâtre antique. Il était d’ailleurs un personnage apparaissant au début de la pièce. Jean Anouilh reprend ce principe dans sa Pièce Noire Antigone.

    Mais… pour le roman ?
    Rabelais a écrit:Buveurs très illustres et vérolés très précieux, (…)
    C’est ainsi que les célèbres géants Gargantua et Pantagruel nous sont présentés. Mais le prologue n’a pas été abandonné depuis tout ce temps !
    Il y en a un exemple en tout début de fiche…
    Tolkien commence son Seigneur des anneaux par un très long prologue (quatre parties !) sur la Terre du Milieu.
    Stephen King en a réussi deux :
    Christine :
    C’est l’histoire d’un triangle amoureux : Arnie, Leigh et Christine.
    Suivi d’une présentation de cet Arnie par le narrateur (qui est son meilleur ami) et quelques mots (très vagues : on ne lit même pas que c’est une voiture) sur Christine.
    Bazaar :
    Vous êtes déjà venu ici… Pour sûr, je n’oublie jamais un visage ! Venez un peu par ici qu’on se serre la main !
    Suivi d’une présentation de plusieurs habitants de la ville de Castle Rock et conclu par quelques mots sur la brocante qui vient de s’installer.
    Et je n’oublie pas un bien plus court : celui des Tommyknockers :
    À cause d’un clou qui manquait, tout le royaume fut perdu.
    Suivi de tout un paragraphe qui fait comprendre que tout va mal se terminer. Comme les prologues de la tragédie antique.
    On trouve un prologue un peu moins stricto sensu chez Dean Koontz avec Le masque de l’oubli : un épisode qui paraît sans rapport avec l’intrigue. Mais… dont les rapports n’apparaîtront que peu à peu.

    (Exemples à venir)

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