par Gina M. Lun 17 Aoû - 11:44
Jérémie suivit Dante, toujours le regard baissé et d'une démarche sur la réserve. Il leva cependant la tête et fut happé par son regard intense, puis écarquilla les yeux en l'écoutant lui parler aussi fraternellement, non sans s'étonner de ses confidences. Le grand jeune homme hésite une seconde, puis esquisse un sourire en tendant aussi la main pour serrer énergiquement celle de Dante. Une lueur de surprise, mais surtout de grande émotion, anime ses deux puits sans fond qu'on aurait pu croire vidés, ne possédant même plus une goutte à verser.
Jérémie (de sa voix sombre, et d'abord tâtonnante) Messire... (se reprend) Dante. Merci... Merci infiniment. Je suis très touché par votre... ton attention. (avec un peu plus d'assurance, pour se présenter à son tour et retrouver une premier lambeau de dignité) Je m'appelle Jérémie.
L'espace d'une seconde, il sembla comme sonné, hagard à cette étrange sensation de rappeler son nom, ignoré depuis des années. L'esclave se reprend aussitôt et affiche même une certaine prestance, dans son maintien, ses épaules carrées et ses traits de statue romaine - bien qu'émaciés et à l'allure sauvage d'un Jean le Baptiste. Il refusait de faire pitié, voulait honorer celui qui le traitait si bien. Déjà, mille questions le brûlaient. Qu'avait donc vécu Dante ? Comment avait-il été asservi ? Pourquoi ? Il n'osa cependant demander, tout comme il ne réclamera pas immédiatement à manger, à boire, ni que Salomé panse ses blessures. Son regard cependant criait sa curiosité, tandis qu'il hochait la tête pour acquiescer à la présentation de l'homme.
Au rez de chaussée, Florentyna venait de s'approcher de Salomé, qui lui avait aimablement adressé la parole - non sans une gêne palpable toutefois.
Florentyna. Merci à vous, Madame. Oh oui, la route est longue je dois rejoindre le domaine de mon promis, où le reste de la famille m'attend déjà. Cette halte est le bienvenue. Mais pardon... Je ne me suis point présentée... Comtesse Florentyna de Monthoux. Et à qui ais-je l'honneur ?
Enora approcha alors et développa ce qui fit immédiatement comprendre à la noble la cause d'un tel malaise. Elle eut un très léger recul de surprise en entendant que cette assemblée n'approuvait pas ce qui lui semblait depuis toujours relever d'un droit naturel. Ce fut sans contrariété aucune, mais plutôt avec son intérêt pour la philosophie et l'analyse sociale, que Florentyna écouta ce que détaillait la jeune femme.
Florentyna. Très bien, Madame. Je respecterai ce système qu'est le vôtre. (d'une voix douce et témoignant de sa curiosité) Voudriez-vous m'instruire un peu de ceci ? Aïeux, livres et précepteurs m'ont toujours donné cette pratique pour naturelle. Force de la coutume. Est-il des penseurs préconisant cette égalité ? Est-on éduqué à cela, là d'où vous venez ? (Elle entendit alors Salomé révéler que son mari avait été asservi. Elle ne répondit rien, gardant un silence respectueux qu'elle juge de circonstance, et acquiesce seulement avec gravité.) Je comprends. Pardonnez-moi mais que s'est-il passé ?