par Gina M. Mar 13 Oct - 15:08
Jérémie haussa vivement les sourcils, marquant ainsi son intense intérêt, lorsque David parla de romans, et surtout de poésie. Il en lisait beaucoup en cachette, et s'y essayait très modestement.
Jérémie (à David, très enjoué) Oh ? Et comment est la poésie qui se lit en ton épo....
La moindre trace de légèreté disparut de sa personne en découvrant l'homme qui venait d'entrer. Un homme qu'il avait reconnu, évidemment, pour en avoir vu des gravures chez ses maîtres. Les chaussures heureusement prêtées par Dante dissimulaient à quel point les pieds du jeune homme s'étaient crispés, tandis qu'une vague glaciale lui avait couru le long du corps. Jérémie employa tous ses efforts à dissimuler son malaise. Vêtu des habits de Dante, rien ne donnait à voir son temps d'origine et sa condition servile. Il pouvait passer inaperçu et fit tout pour cela.
Jérémie. ....époque ? Leur style, leurs thèmes... Qu'aimes-tu dans cette poésie ?
L'esclave écouta une nouvelle fois la triste histoire de Dante et capta ses regards avec une expression profondément sérieuse.
Le nouvel arrivant reçut avec une agréable surprise le sourire timide et bienveillant de David - peu familier de ce genre de marques. Lui même s'autorisa un très léger sourire, devant ce garçon qui lui rappelait ses enfants. La manifestation buccale d'Andrea peignit un nouvel étonnement, plus grave, sur ses traits droits et nobles. Il avisa l'homme, sous les doigts duquel naissait un air guilleret. Faute de pouvoir reconnaître cette mélodie, le voyageur supposa qur l'individu pouvait être quelque histrion là pour divertir la compagnie de morceaux sautillants. Celui-ci avait démarré à son arrivée : hasard ? Ses larges yeux ridés tombèrent sur la canne. Un invalide ou un élégant ? Un invalide musicien... Le voyageur en fréquentait un autre, dont le souvenir lui arracha un rictus amusé, muet et à peine perceptible.
Observant la salle, il haussa un sourcil très étonné : les accoutrements de ces personnes indiquaient un localité et des civilisations tout à fait différentes de Monbrina. Seul un dessinateur à l'autre bout du bar paraissait de la même époque que lui.
Gérald (avançant finalement vers Dante, repéré comme le tenancier du bar, après avoir respectueusement, et non sans intérêt, écouté son histoire, il entame de sa voix très posée, sombre comme un vieux chêne) Bonsoir, Messire. Veuillez m'excuser ; serait-il possible pour mon cocher et moi-même de passer la nuit céans et d'y quérir des provisions ? (Un temps, inclinant légèrement la tête) Gérald. (Son prénom, répandu, n'éveillerait pas de réaction, d'autant qu'il n'y avait qu'un potentiel contemporain dans la salle.)
Jérémie laissa furtivement ses pupilles glisser dans la direction de l'homme à cette présentation. Il cachait le principal morceau de son royal patronyme. Dans le but d'une manœuvre perverse ? Ou pour pouvoir se débarrasser de l'étiquette l'espace d'un soir, et épargner à l'assemblée un malaise que sa présentation complète engendrerait, dans ce lieu inconnu ? Quoi qu'il en fut, c'était bien lui, Gérald Der Ragascorn. Lui à qui il devait la perte de siens, son esclavage... Lui à cause de qui sa vie était devenue un enfer, où l'accès à ces livres inespérés restaient sa seule consolation. Jérémie cependant ne dira absolument rien.
Juan avait bien sûr reconnu aussi le souverain qui avait annexé son royaume, mais resta naturel. Seule son visage s'était un peu durci. Son regard redevint plus tendre en se reportant sur Salomé.
Juan. (rosissant au compliment) Merci beaucoup. Avec plaisir, pour le portrait de famille. D'autant que votre petite est très jolie. (ayant justement achevé son premier dessin de groupe, où David, Jérémie et Andrea semblaient avoir pris vie, ille entama l'esquisse des trois silhouettes de cette famille qui semblait aussi aimante et soudée que fragile.) Et comment avez-vous rencontré votre mari ? Dante, si j'ai bien compris.