Le Cercle Littéraire

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    Le salon des personnages

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    Message par Gina M. Mer 8 Mar - 7:43

    Spoiler:
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    Message par Gina M. Lun 13 Mar - 11:16

    Spoiler:

    Il écoute détails donnés par Yunna quant à la danse, réfléchit.

    - Je vois. Une chance que davantage de liberté vous semble permise dans la troupe que vous fréquentez à présent. (Un temps) En mon monde... ou temps, je ne sais, l'art quel qu'il soit semble très normatif. Un canon, des modèles à suivre, des modèles construits pour tout, comme en la rhétorique. Si bien que l'on puet se poser la question du style... Le style est-il permis ? Les écarts à la norme, la façon de composer différemment avec elle, d'en faire comme un être vivant qui évolue. Je crois que oui, hors de l'art officiel, l'on puet trouver des auteurs, peintres, danseurs qui sont... (reprend son mot) plus instinctifs. Ceste liberté est plus grande en votre monde ? (un temps, rit) Mais je crains bien qu'en danse mon cas soit désespéré et je préfère cent fois regarder.

    Il acquiesce aux noms du Bolchoï et de Moscou.

    - Moscou... Si ma mémoire est bonne, c'est la capitale nel'Empire de Russie ? Vous estes... Russe. (troublé. Il s'est tant que cela éloigné de Monbrina ? A moins que ce ne fût elle qui avait voyagé fort loin. Pour tenter de le savoir...) Et... vous avez fait longue route ?
    (il ne comprend pas grand chose à ce qu'elle explique ensuite du porno, mais cela semble amusant. On peut voir sous sa poudre qu'il rosit légèrement, un peu honteux de son ignorance. Et en même temps, une petite lueur amusée et heureuse dans ses yeux indique un curieux soulagement : il était bon, pour une fois, d'apprendre et de n'être pas l'érudit tellement agaçant, ou une ombre préférant se faire silencieuse pour ne pas s'imposer, lasse de sentir, de savoir, et redoutant d'ennuyer autrui. Tant de nouvelleté s'annonçait céans ! Redevenir enfant.)
    Internet ? "Inter" : entre ? Qu'est-ce que "Net" ?

    Il s'interrompt, se souvient à quel point jadis ses questions incessantes avaient de quoi lasser. Aussi se contente-t-il d'accueillir Benjamin et Octave qui s'approchent à présent du bar, d'un léger sourire. Il est soulagé aussi du départ du garnement blond, qu'il aurait été tenté de remettre en bonne place s'il eût persisté à se conduire ainsi. L'homme brun qui l'accompagnait l'intriguait cependant. Dommage.
    Il se retourne vers Benjamin et Octave. Un médecin. Passionnant. Il avait hâte des conversations sans doute riches qui allaient suivre. Aussitôt, deux nouveaux voyageurs font leur entrée. Un homme, lourd de tout son poids sur une canne, au regard froid de métal... Son visage aussi est lourd, lourd d'histoires et de tragédies que l'homme du XVIIe se perd quelques instant à s'imaginer lire en lui. Il est accompagné d"une femme jeune, très jeune. Une aristocrate à n'en point douter. Il devine en elle toute cette fausse légèreté, la savante grammaire de ses gestes et expressions, la mathématique d'une allure calculée et des modulations d'une voix, le jeu du monde. Ce maintien, ces codes, cette jeunesse, ces cheveux clairs : il ne peut s'empêcher de se rappeler aussitôt d'un autre visage... Oh, un souvenir. Une remembrance qui, une fraction de seconde, lui taille une regard sinistre et prédateur mais qui aussitôt repart dans les marges du passé.
    D'un sobre signe de tête, il salue ce duo.
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    Message par groskrox Lun 13 Mar - 22:55

    Spoiler:

    Yunna : la norme, c'est pour les faibles mon pauvre ami ! (Elle dodelina de la tête pour marquer son amusement) Quant au style, croyez-moi, vous n'en manquez pas. Rien que la perruque et votre fond de teint, ca vous donne un charme incroyable (elle lui fit un clin d'oeil). Ne le prenez pas mal, je vous fait marcher. Ne vous en faites pas, dès que nous aurons un instant, je vous montrerais comment danser la tektonik, ca fera flancher le coeur des dames !

    Yunna haussa légèrement les sourcils quand elle entendit les mots "Empire" et "Russie" associé.

    Yunna : Empire, empire, ne leur donnez pas trop de crédit. On en est loin du temps de la grande nation russe, mais c'est un autre débat, totalement inintéressant (elle insista sur le "totalement" pour marquer que la direction de la conversation ne l'intéressait pas). Je n'habite plus en Russie même si j'y retourne régulièrement pour aller voir ma mère. Ma maison n'est pas loin d'ici vous savez, à peine une dizaine de minutes à pied. Et vous êtes le bienvenue d'ailleurs (elle lui offrit un sourire sincère pour lui signaler qu'elle appréciait sa compagnie).

    Yunna se mordilla légèrement la lèvre en se demandant si elle faisait bien cependant. La soirée n'était pas terminée et elle allait peut-être le regretter. Mais c'était plus fort qu'elle, le sang slave peut-être qui lui commandait de toujours savoir se montrer accueillante.
    Yunna écarquilla légèrement les yeux et fronca les sourcils à la question portant sur internet, ne comprenant visiblement pas ce que l'homme lui demandait. Qu'y avait-il de si compliqué à comprendre?


    Yunna : Inter...net ? Vous savez, les vidéos de chatons, facebook, tous ces trucs. (Voyant l'incompréhension de son interlocuteur, elle haussa les épaules pour marquer un peu plus encore son étonnement) Enfin, arrêtez de me faire marcher bon sang, ca en devient ridicule, vous avez très bien compris !

    La conversation prenait des tours qui ne lui plaisaient plus et elle aurait même pu s'en irriter si la porte ne s'était pas ouverte à nouvea. Si les battements de son muscle cardiaque ne s'étaient instinctivement accélérés, si ses joues n'avaient légèrement rosies et si ses pupilles ne s'étaient pas dilatés pour laisser place à une personnalité plus féline.
    En un instant, les règles du jeu avaient été bouleversées à la vue d'une demoiselle tout à fait à son goût. Yunna se maudit intérieurement d'avoir invité chez elle un guignol à perruque qui ne savait même pas épeler le mot "internet".
    Cette sirène avait une emprise quasi-hypnotique sur Yunna et il lui fallut détourner les yeux pour en rompre le charme. Elle nota aussi ce vieux lion malade à la crinière noire qui ne lui attirait aucune sympathie, mais dont les intentions envers la femme qu'il accompagnait lui étaient encore inconnues.
    Immédiatement, elle fit le calcul. L'homme se faisait gentleman et tous deux paraissaient proches, il se connaissaient certainement, un peu trop peut-être. Cependant, lorsqu'elle vit son rival s'affaisser sur le canapé, elle sentit les muscles de son dos se détendre. Elle s'étira doucement, à la manière d'un chat manifestant son contentement. Elle jeta aussi un rapide regard à son premier interlocuteur, le "guignol à perruque" en qui elle ressentit à nouveau une certaine sympathie quand il remarqua son intérêt pour la dame qui venait d'entrer. Elle ne put s'empêcher ne lui souffler :


    Yunna : trop jeune pour vous, vieux coquin !

    Au moment où Yunna vit la charmante créature s'approcher et s'accouder au bar, elle se recula légèrement, non par peur, mais par respect afin de ne pas la mettre mal à l'aise. Instinctivement, elle posa une main sur son bassin et lui fit un geste amical de l'autre pour la saluer. Son torse tourné vers elle, c'était son regard que Yunna cherchait des yeux, un contact, un seul, pour s'y plonger et y lire quelque chose.


    Yunna : et voilà des nouveaux invités, c'est charmant. Nous voilà deux femmes à présent, vous me sauvez du tourment de ne parler qu'à des messieurs. Y aurait-il quelque chose qui vous ferait plaisir ?
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    Message par Kean Mar 14 Mar - 19:39

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    Message par groskrox Mar 14 Mar - 19:46

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    Message par Salomé Wilde Mar 14 Mar - 21:36

    L'aveu de la serveuse sur son désamour du jazz arracha une moue offusquée au blond amateur de champagne. Si l'expression était parfaitement jouée, l'éclat hilare du regard ne laissait aucun doute sur la dérision qui habitait cette pause.

    Benjamin (se penchant vers Yunna): - ne dites rien à Monsieur O., je crois qu'il m'en veut déjà un peu alors... Ne le fâchez pas en parlant du Jazz...

    Quelque bon mot fleurit dans l'esprit de Benjamin mais sa voix s'éteignit sur ses lèvres souriantes alors que de nouvelles silhouettes entraient. Une femme et un homme. Ou plutôt une étoile et son triste pierrot. Si Benjamin laissait volontiers le morne compagnon à Octave (à eux deux il feront une belle paire), il suivit l'avancée de la jeune femme avec cette envie que faisait toujours naître en lui la nouveauté. Lorsqu'il retourna la tête vers la serveuse (après tout il attendait toujours son champagne), le regard de cette dernière sur la nouvelle venue agrandit son sourire. La soirée s'annonçait définitivement distrayante.


    Depuis son fauteuil, cigarette aux lèvres et enfin débarrassé du sale mioche, Octave avait suivit dans une attitude nonchalante l'entrée des deux inconnus. Sans un regard pour la fille, une lueur nouvelle avait saisit son regard à la vue de la silhouette boitillante. Le médecin reprenait le dessus sur l'insatisfait. D'une précision chirurgicale, sa pupille analysa la démarche jusqu'à ce qu'elle s'arrête dans le confort d'un fauteuil, non loin du sien.

    Octave (tendant une cigarette au boiteux): - Eclat d'obus?

    Le diagnostic avait quitté de lui même ses lèvres. Il ne savait pas pourquoi, mais il trouvait que cela collait au personnage, à son regard vieilli comme le sien, comme tous ceux qui en étaient revenus de la grande guerre. A cette tension qu'il sentait contenu dans cette silhouette massive prête à exploser comme un tir allemand. Il y avait trop de noblesse malgré tout dans le personnage pour que ce boitillement soit le simple fruit d'une fracture après une chute dans un trou de souris. Non, définitivement, l'éclat d'obus lui allait parfaitement!

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    Message par Gina M. Mer 15 Mar - 10:35

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    Message par Kean Mer 15 Mar - 14:16


    La jeune femme rend aux hommes leur regard. Celui, sinistre, de Jérémie ne l'intimide pas une seconde, l'amuse, elle y répond en chasseresse, et le sourire qui se dessine sur l'ourlet de ses lèvres est comme un coup de fusil. Il se fait cependant léger et vaporeux pour l'amateur de Jazz.


    Lénore (les saluant)  : Messieurs.

    Elle abat son regard un instant, le dérobe derrière ses cils comme par pudeur, mais cela ne dure qu'un trop court instant. La voix de la serveuse la ramène à des préoccupations plus immédiate : ce qui lui ferait plaisir. Vaste question. Sans un coup d'oeil pour la serveuse, elle parcours les différentes bouteilles de whisky qui s'offrent à elle, mais rapidement, elle fronce les sourcils. Elle ne reconnaît aucune provenance, et les dates inscrites sont aberrantes. Il va falloir jouer à la surprise en assurant ses arrières.


    Lénore : Je vais vous prendre deux whisky secs, single malt, ce que vous avez de plus de douze ans d'âge. Pour la provenance, surprenez-moi.

    Elle pose enfin son regard sur cette femme et surprend l'avidité de son regard et de sa posture. Il y a dans cette position, cette ouverture, quelque chose qu'elle ne lit pas. La jeune femme garde alors pour elle le sourire charitable qu'elle réservait habituellement aux gens qui la servait, et laisse flotter quelques secondes un air plus réservée. La encore, cela ne dure pas. Bientôt quelque chose de joueur revient tendre ses traits entre sa bouche et ses yeux. Elle se tourne alors vers Benjamin et Jérémie.


    Lénore : Et de quels tourments ces deux messieurs vous malmènent-ils ? (la question s'adresse bien plus à eux qu'à Yunna qu'elle garde cependant en périphérie de son regard)

    Depuis son fauteuil, Andrea se retient bien de rire, mais il ne peut lutter très longtemps contre le sourire qui lui mord les joues. Il n'a pas manqué ce qui échappe encore à sa jeune amie. Voilà une expérience cocasse.
    Une voix plus sinistre le rappelle cependant à la distance qu'il s'impose. Un regard noir d'abord, pour ce qui le dérange, puis un éclat violent pour cette question qui heurte sa chair. Il avise finalement la cigarette tendu. Il ne fume plus, il devrait la refuser. Il ne sait pas pourquoi il tends la main pour s'en saisir, et attend que l'homme lui offre aussi son feu.


    Andrea : Blessure par balle. (après un silence, il rend la pareille) Médecin ou militaire ?


    Dernière édition par Kean le Ven 17 Mar - 8:18, édité 1 fois
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    Message par groskrox Ven 17 Mar - 0:12

    Spoiler:

    Yunna écoutait d'une oreille distraite la réponse de Benjamin. La légèreté du gentleman lui plaisait beaucoup, mais au moment où il évoqua Octave, elle lui murmura à lui seul :


    Yunna : il est trop sérieux votre Monsieur O. si vous voulez mon avis. (elle réfléchit un instant, murmura quelque chose en russe et lui tendit une bière, une kriek à la cerise). Vous m'avez demandé un bourbon, mais je crois qu'il lui faut quelque chose de plus sucré et doux à votre ami, pour le décoincer. (elle lui donna un léger coup de coude tout en prenant attention à sa réaction lorsqu'elle le toucha). Vous verrez, ca fait des miracles ! Bon... pour le champagne, je ne sais pas où il est, mais n'hésitez pas à vous servir vous-même, vous saurez sans doute mieux que moi ce qui vous conviendra !

    Yunna nota avec amusement la confusion de Lénore. La pudeur contrastait avec la sévérité, mais n'en rendait Lénore que plus intéressante à ses yeux. Ce mélange aurait presque pu lui rappeler quelqu'un d'autre, mais il manquait dans les yeux de Lénore une agressivité mal contenue, un regard qui percait l'âme comme s'il la sondait en permanence.
    Sans attendre la réponse des messieurs à qui Lénore s'addressa, Yunna répondit directement sur le ton de l'ironie.

    Yunna : Les hommes, vous savez ! (elle posa sa main sur son front dans un geste hautement théâtral) Ils manquent tellement de délicatesse. (Elle laissa entrevoir un sourire enfantin pour mettre fin au jeu) Non, en vérité, ils sont de bonne compagnie. Celui-ci... (désigna Jérémie de la main) est un parfait gentleman, mais n'a visiblement jamais touché un ordinateur de sa vie, et celui-là... (montra Benjamin) ma fois, je ne le connais pas beaucoup, mais il a l'air d'un joyeux personnage. Mais passons, nous disions, les whiskeys...

    Yunna regarda les bouteilles sans avoir la moindre idée de laquelle choisir. Elle finit par prendre la seule marque qu'elle connaissait, un Bushmills, une valeur sûre, prit prit deux verres et les posa devant Lénore. Ce faisant, elle fit exprès d'effleurer les doigts de Lénore avec la bouteille pour observer sa réaction. Même si elle ne la toucha pas directement, Yunna fut parcourut d'un frisson d'excitation. Puis, elle reposa sa tête sur le comptoir à hauteur des deux verres pour forcer à nouveau l'intérêt de Lénore, tout en lui fit un nouveau sourire engageant.

    Yunna : je n'y conais rien en whiskeys voyez-vous, alors j'ai choisi la seule marque que je connaisse. Vous goûtez, vous décidez. Et si ca ne vous convient pas, vous me rejoignez derrière le comptoir pour choisir la bouteille à votre goût ?

    “Trop direct”, pensa-t-elle. Oui, mais c'était beaucoup trop excitant pour ne pas essayer !
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    Message par Gina M. Ven 17 Mar - 10:27

    Jérémie avait eu un sourire complice aux paroles de Yunna quant à l'art, à la norme, tout à fait d'accord avec ses impressions, mais n'insista pas davantage à causer de l'Empire Russe devant son manifeste manque d'entrain à causer de politique... Ou peut-être d'autres choses, de mauvais souvenirs. Le ton de la jeune danseuse se fit encore plus agacé lorsqu'elle répondit, bien à sa manière, à ses questions concernant l'internet. "Video", cela, il comprenait bien. Mai des chatons, et le reste... Non, cette fois-ci, Yunna semblait irritée par ses questions, et croyait même qu'il se jouait d'elle. Jérémie se pinça la lèvre. Son visage afficha une expression sincèrement gênée, il avait reposé ses mains à ses genoux très rapprochés. Il répondit d'une voix tout à fait sobre :

    - Non, je vous assure que je ne me seroi jamais permis de me moquer de vous. Pardonnez-moi si je vous ai importunée.

    Il ne développa pas, et n'attendit pas vraiment de réponse, d'ailleurs Yunna s'était déjà totalement tournée vers la jeune noble qui avait fait son entrée et le Sieur nettement plus âgé qui l'accompagnait. Il réfreina un sourire à la plaisanterie de la danseuse, et choisit de partir seul en quête de quoi combler ses lacunes intellectuelles évidentes dans cette époque.

    Il se leva, ouvrit des meubles ici ou là, en quête de quelque ouvrage. Bingo, il tomba sur ce qui était un dictionnaire marqué d'une date bien éloignée effectivement de 1615. Il s'installa dans un bon fauteuil, commença à fouiller. "Internet". Cela le conduisit à "en ligne" et "ordinateur", qu'il alla consulter. Les définitions se succédèrent, les nouveaux mots s'enchaînèrent devant ses yeux et sous ses doigts qui tournaient très vite les pages, suivant le maillage tracé par ses prospections. Il lut vite, très vite. Il explorait tous les termes qui lui étaient inconnus et qu'il mit en réseau.

    Son costume l'agaçait. Et après tout, ce lieu ne répondait manifestement pas aux exigences de la cour monbrinienne, il en était désormais parfaitement convaincu. Nul danger. Une de ses mains osseuses retira sa perruque pour découvrir une chevelure noir corbeau ondulée et d'un désordre fauve. Bientôt, il essuya aussi le maquillage qui couvrait sa peau cuivré et son visage amaigri, il s'en sentit bien mieux.


    Tout en lisant, il gardait ses oreilles ouvertes à la conversation et n'en perdait rien. Octave était apparemment soldat. Quelle guerre avait-il fait ? L'homme était très sérieux. Son ami causait d'un genre musical dont Jérémie va rapidement quérir la définition. Benjamin semblait plus ouvert et avenant. Il y avait enfin cet homme à la canne, sans doute noble lui aussi : sa posture le disait malgré la boiterie et le costume abîmé qu'il portait son dos. Un dos chargé de tant de démons qu'il paraissait porter, et cette balle au genou. Jérémie s'imaginait mille histoires, et suivait avec entrain les réponses subtiles et ciselées de la jeune noble, celles, enthousiaste, de Yunna qui évoquait les hommes non sans un air taquin. Jérémie arqua un sourcil : il avait bien noté lui aussi le singulier intérêt de Yunna pour l'autre jeune femme. Cette posture, ces tours de voix...
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    Message par Salomé Wilde Ven 17 Mar - 18:30

    La proposition de Yunna concernant Octave agrandit le sourire qui dévore le visage de Benjamin. Le coup de coude ne l'aura guère déstabilisé. Il reste le même et glousse aux remarques de la russe.

    Benjamin (à Yunna après avoir repris son sérieux et sur le ton de la confidence): Vous savez, une fois soûl il peut être très drôle. Le seul soucis c'est que ça ne dure jamais très longtemps avec lui. A peine le temps de commencer à s'amuser qu'il est déjà malade ou endormi!

    Finalement, le blond abandonne la bière de son ami et passe derrière le comptoir à la recherche de quelque chose de convenable. Il adresse au passage un pastiche de révérence à la jolie demoiselle lorsque Yunna mentionne son nom. Lorsque Yunna propose à la jeune femme de passer à son tour derrière le comptoir, Benjamin étouffe un nouveau rire. Décidément cette serveuse est un vrai régal! Néanmoins, l'américain, ne compte pas la laisser manœuvrer si facilement avec la nouvelle venue. Certes, elle n'est pas son type, mais un peu de compétition entre lui et la russe ne fera que relever ce qui s'annonce déjà comme une excellente soirée.

    Benjamin (à Lénore dans un clin d'oeil): allez venez, plus on est de fous, plus on rit... C'est bien comme ça qu'on dit?


    Octave tire de la poche intérieure de sa veste un joli briquet en argent, aux couleurs de son ancien régiment. Il l'allume et le tend vers le boiteux pour que ce dernier allume sa cigarette.

    Octave (dont l'oeil sombre brille toujours d'un éclat curieux): Les deux. Jusqu'à peu...(Estimant qu'une réponse vaut bien une question, il enchaîne) L'impact est au-dessus du genou...Blessure de guerre ou blessure "civile"?
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    Message par Kean Mar 21 Mar - 11:51

    Spoiler:


    Décidément cette femme manquait de retenue ! La voilà qui de nouveau tire le drap à elle. Cependant cette fois, Lénore prend le parti de s'en amuser. Il est vrai que ce genre d'audace est rare chez les femmes instruites et bien nées, mais n'est-ce pas justement ce qu'elle leur reproche, d'être des bécasses idiotes et dociles qui cancanent mariage en tissant leurs bas ?

    Lénore, à Yunna cette fois : Il ne faut pas trop attendre d'eux. Mais celui-là semble prêt à quelque effort (désigne d'un mouvement de tête Jérémie qui semble soudain bouder dans un coin, visiblement décidé à apprendre le dictionnaire). Celui-ci en revanche, semble né pour la bonne compagnie (à Benjamin).

    Au parole du blondinet, elle adresse un regard aux sinistres personnages restés en retrait, et s'amuse de voir qu'une proto-conversation lapidaire s'est mise en place entre les deux oiseaux de malheur.

    Lénore, à Benjamin : Votre ami semble avoir trouvé un compagnon aussi chaleureux que lui-même. C'est regrettable qu'il n'ait pas le foie plus endurant : cela les séparera sans doute.

    Elle se détourne soudain de Benjamin pour retirer sa main que la serveuse a, malencontreusement sans doute, effleuré de la bouteille qu'elle lui présente. Il y a dans ce geste d'abord un recul, une surprise qui dessine sa main comme un animal surpris, puis comme des serres se refermant autour de la bouteille. Mais elle suspend son geste, alors qu'elle allait verser sa boisson afin d'en juger de l'aspect. La serveuse se tient là, dans une position canine, le visage bas, le dos en équerre, à lui sourire comme un chien qui attend qu'on lui lance un bâton. Lénore sourit, ses yeux comprennent. Elle refuse cependant sa pleine attention et s'occupe à la dégustation du whisky présenté. Son sérieux et son expertise tranchent avec son jeune âge et ses manières candides lorsqu'elle fronce les sourcils en faisant tourner d'un geste sûr le whisky dans son verre avant de le sentir puis de le goûter. Son regard se promène alors qu'elle en évalue l'arôme. Elle finit par servir le second verre.

    Lénore : Ça ira bien pour ce qu'il en fera (désignant Andrea d'un regard), comme vous le disiez, les hommes manquent de délicatesse. Mais à moi, il me faudra quelque chose de plus subtil.

    Le verre dans une main, la bouteille coincée sous le coude, et la bière d'Octave dans l'autre, elle s'éloigne pour apporter à Andrea et au docteur de quoi se rincer la gorge s'ils lui prennent l'envie de disserter sur quelques noirs sujets. Elle dépose la bouteille sur le guéridon prévu à cet effet, mais place le verre directement entre les doigts d'Andrea, contre sa paume blessée qu'elle regarde d'ouvrir avec curiosité. Puis, elle se penche sur Monsieur O. pour lui tendre la bière choisie par Yunna et Benjamin.


    Lénore, à Octave, avec un sourire amusé : Votre ami s'est laissé influencé en s'occupant de votre cas : voici le remède qu'il vous propose. J'espère que vous ne regretterez pas son choix.

    Elle laisse sa main glisser sur le bras d'Andrea avant de s'en revenir vers le bar.


    Lénore : Bon ! Et voyons cela !

    La jeune femme rejoint Yunna et Benjamin, et commence un examen plus ou moins sérieux des bouteilles qui se présentent à elle, tout en jouant de la proximité de leurs trois êtres et du jeu qu'elle sent se mettre en place. Elle laisse ainsi ses doigts caresser les étagères, ses ongles pianoter sur le verre, sa robe se plisser sur ses formes lorsqu'elle se penche, se baisse, se redresse.


    Interrompu, si l'on peut dire, par l'intervention de Lénore, Andrea prend le temps de siffler une partie de son verre et d'observer la réaction d'Octave à la livraison de cette commande qui n'est pas son choix, avant de répondre.


    Andrea, sur un ton sec visant à clôturer le sujet de son genou: Filiale. (En bon musicien néanmoins, se dit qu'il ne faudrait pas rompre le rythme de l'échange) Maintenant que la guerre est finie ouvrez cabinet dans les bars qui jonchent la route de votre "ami" ?

    Le mot résonne étrangement dans sa bouche, si bien qu'il n'est pas aisé de saisir ce qu'il résume ou sous-entend par ce terme. [/i]
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    Message par groskrox Mar 21 Mar - 22:30

    Yunna acquiesca avec énergie aux remarques de Lénore pour marquer son approbation. Son regard passa sur “le cher monsieur à perruque” qu'elle avait déjà complètement oublié. Elle remarqua d'ailleurs sa frustration lorsqu'il la posa et retira son maquillage. “Voilà qui le rend déjà plus franc et plus charmant”, pensa-t-elle. “Mais j'aimais bien la perruque tout de même.”
    Puis, tournant de nouveau son attention toute entière vers Lénore, elle nota son sourire méprisant, mais n'en prit aucunement offense, bien au contraire. Elle s'était déjà redressée et s'amusait de la voir jauger avec un regard expert, une bouteille qu'elle-même avait choisi par dépit. Lorsque Lénore donna son verdict, Yunna se hâta d'ajouter avec une mine un peu taquine :

    Yunna : vous m'auriez dit le contraire, j'aurais été décue !

    La scène suivante la prit cependant compètement au dépourvu. Son front se barra d'une ride marquant sa réflexion, quand elle vit Lénore se lever et porter le whiskey et la bière aux deux grincheux compères. Yunna ne manqua pas de noter le geste tendre entre Lénore et Andrea qui fit naître une nouvelle ride sur son front. Ses yeux devenus sérieux tout à coup ne montraient aucune jalousie. Non, c'était plutôt une certaine incompréhension, la sensation d'avoir raté quelque chose et ca l'agacait.
    Voyant Lénore revenir vers elle avec enthousiasme, elle se prépara à poser sa question, mais ses yeux furent immédiatement attiré par les hanches de Lénore qu'elle mettait volontairement en valeur.
    Yunna ne put s'empêcher de sourire à sa maladresse.
    “Quelle mignon petit cygnon”, pensa-t-elle. Des corps, elle en avait touché de plus rudes, des lèvres, elle en avait goûté de plus timides, des cheveux, elle en avait humé de plus sauvages. Dans sa tentative de paraître plus qu'elle n'était, Lénore avait révélé un manque de subtilité qui rappela à Yunna son jeune âge, et ne rendait sa parade que plus mignonne et amusante. “Dansez avec ces cheveux soyeux, révélez donc cette charmante gorge, chantez avec ces yeux innocents avant de remuer les fesses, enfin !” Cependant, le sourire de Yunna s'effaca au moment où la question qu'elle avait eue en tête revint la frapper. Avant même qu'elle ait pu l'articuler en pensées, Yunna était déjà en train de la poser.

    Yunna : Dites-moi très chère, il y a quelque chose qui m'échappe. (Elle montre Andrea de la tête sans quitter Lénore des yeux) Que représente donc cette charmante personne pour vous ?

    Ses muscles se tendirent imperceptiblement à sa marque d'ironie de peur d'avoir réveillé l'autre grognon. Elle en était sûre, il était capable de faire capoter une excellente soirée à lui tout seul.
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    Message par Salomé Wilde Ven 24 Mar - 10:56

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    Message par Gina M. Ven 24 Mar - 12:04

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    Message par groskrox Ven 24 Mar - 14:31

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    Message par Gina M. Ven 24 Mar - 16:36

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    Jérémie avait accroché son oreille aux réponses lapidaires de l'homme à la canne, tandis que sa main continuait à feuilleter mécaniquement le dictionnaire dont les mots s'imprimaient vite dans son esprit, où il s'y agençaient comme des équations pour mieux comprendre cet environnement. Une affaire de famille. Qui avait pu lui tirer dessus ? Un frère, son père, un membre plus éloigné ? L'homme ne souhaitait cependant pas s'étendre sur le sujet.
    Jérémie arqua un sourcil étonné devant le jeu évident de séduction entre la jeune noble, Yunna et Benjamin. Sous l’œil distant du boiteux - qui d'ailleurs pouvait être cet homme par rapport à elle ? - la demoiselle blonde tirait parti des plis de sa jupe, des courbes de ses fesses et de son dos, sans doute pour le simple plaisir du jeu. Yunna jouait-elle aussi ? Ou avait-elle de ces attirances que le XVIIe siècle qualifiait d'inversées ? Attirances qui laissaient Jérémie curieux et distant, mais ni plus ni moins que les jeux de l'amour même ordinaire. Un domaine qu'il avait bien plus de mal à sonder que la métaphysique et la philosophie, les mathématiques. Aussi préféra-t-il rester détaché et pudique dans son observation.

    Pudique, l'individu qui fit son entrée l'était infiniment moins. On eut pu croire qu'un bélier envoyait valdinguer la porte de l'établissement lorsqu'un large fauteuil roulant recouvert d'une grosse toile grise passa le seuil. Gris éléphant. On en voyait cependant pas encore la trompe. Une créature tout aussi large et lourde reposait sur ce véhicule, en raison de ses membres grotesques et raidis. Comme dans un puzzle mal agencé, un mollet arqué avoisinait l'autre jambe bien plus courte, et une énorme pince tordue et chargée de cloques répondait à la main droite, presque retournée sur elle-même. La gargouille avait une lyre attachée à son siège, et entre les cuisses une bouteille presque vide, tandis que ses mains actionnaient les roues.
    Une tête ronde, aux cheveux bruns assortis à un petit bouc, surmontait ce corps baroque vêtu d'un pourpoint de velours vert, certes de qualité mais usé. Derrière une paire de bésicles chaussées à un nez court et tors, deux petits yeux marrons parcoururent la salle hétéroclite, mais cachèrent leur surprise. La bouche s'ouvrit sur une rangée de dents pointues et indisciplinées pour lancer, dans une ivresse manifeste - ou du moins bien simulée :


    Lénius. Holà hé ! Compagnie ! (regarde le bar, et les charmantes créatures qui s'y trouvent) En voilà un... un que je n'ai point encore fait !! Je le savais, je le savais !

    Dans son sillage entra son exact opposé, un petit félin silencieux, lui aussi dans un fauteuil, ou plutôt un vulgaire landau reconverti comme tel. Le garçon châtain avait quinze ans tout au plus, alors que son joyeux compère approchait du quart de siècle. Son corps pâle aux courbes élégantes, presque bi-genre, jaillissait comme un souffle, par ses gestes fins et alertes, des haillons trop grands qui le vêtaient. Il cachait deux longs couteaux dans les poches de ses hauts de chausse, et des breloques de bois sculpté, plumes et cailloux ainsi qu'une discrète petite croix ornaient un peu ses hardes.

    Presque imperceptiblement, le temps d'une seconde, l'excentrique duo s'échangea des regards pétillants de complicité. Cela pouvait passer pour un des effets de l'alcool dans les yeux de l'aîné, ou de la curiosité amusée dans les pupilles ambre du plus jeune. Ce dernier sourit à la compagnie bigarrée dont les multiples silhouettes, couleurs, éclats de voix, vêtements étonnants se peignaient dans son esprit pour y former une des compositions les plus fascinantes qu'il n'avait jamais ressenties.
    Le cadet tira la bouteille entre les cuisses de son compère et avala quelques petites gorgées, avant de la lui remettre et de recevoir de sa part une tape amicale à son épaule dénudée par sa vieille tunique, dont le garçon remonta le pan.

    Jérémie ne put pas ne pas les remarquer. Et ceux-là semblaient de son époque. Malgré les corps pour le moins singuliers de l'un comme de l'autre, il se sentit presque davantage en terrain connu avec ces deux curiosités qu'avec tous ces autres voyageurs. Il les salua d'un simple signe de tête, choisissant d'ignorer l'ivresse manifeste du plus gros.


    Dernière édition par Gina M. le Ven 24 Mar - 21:06, édité 1 fois
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    Message par Salomé Wilde Ven 24 Mar - 18:04

    Le regard austère d'Octave avait ignoré l'avancée de la jeune femme vers lui et le boiteux. Ce ne fut que lorsque cette dernière tendit un verre de whisky à son camarade morose, qu'il sembla prendre conscience de sa présence. Il laissa alors aller son dos contre le dossier de son fauteuil et la détailla un instant, ne manquant pas de remarquer le geste entre les deux inconnus. Il y avait quelques secrets et interdits là-dessous. Il en était certain. Il n'y avait pas dans ce contact- l'appui d'une femme assurée de ses désirs, ni vraiment la retenue gauche des bigotes... Une forme de candeur peut-être? Il n'aurait su le dire. Adélaïde, elle aurait su. Elle était doué pour se genre de chose. Pour deviner ce que les autres ressentaient. Lorsque Lénore lui adressa la parole et déposa son verre devant lui, Octave était arrivé à cette conclusion qu'il avait hâte de rentrer. Il n'y aurait pas de Big Band. Pas de saxophone. Benjamin avait encore raconté une de ses histoires dont il avait le secret et lui, de huit ans son aîné, été encore tombé dans le panneau. Non, plus que d'une bière aussi fade que de la pisse anglaise, il voulait son fauteuil, son bourbon et une vraie conversation avec sa garçonne de femme. Au moins, après une réunion avec ses comparses activistes devant la prison de St Lazare, elle aurait plus de chose à dire que l'estropié à sa gauche. Octave se contenta d'une grimace à la première réponse d'Andréa et jetant un coup d'oeil à sa montre, il daigna répondre.

    Octave (trop certain du sous entendu d'Andréa et bien décider à clôturer la conversation): J'avais un cabinet à Montparnasse... Mais aujourd'hui je préfère les cadavres aux cocaïnomanes (son regard glissa alors vers Benjamin, puis vers sa montre). Ma femme doit être rentrée. Elle.

    Octave (haussant le ton pour Benjamin): Je rentre. Reste à t'amuser si tu veux, mais la blonde n'est pas pour toi.


    Benjamin perdit aussitôt toute couleur. Le manque de délicatesse à l'égard de Lénore le laissa un instant sans voix. Définitivement, il ne savait pas comment Adélaïde avait pu tomber amoureuse de lui... Enfin si, il savait peut être pourquoi, mais ne trouva rien de mieux à répondre que:

    - Mais c'est toi qui a les clefs de la voiture! Je ne vais quand même pas rentrer à pieds?!


    Octave se leva et haussa les épaules en attrapant son manteau et son chapeau.


    Octave (ignorant l'arrivée impromptue de nouveaux inconnus): Ce n'est pas mon problème. Soit tu viens, soit tu rentres à pieds.

    Une ou deux insultes en anglais quittèrent les lèvres de Benjamin alors que perdant son sourire, il quittait le comptoir pour suivre son chauffeur. Après de vagues excuses pour Lénore, il traversa la salle au pas de course et sortit dans l'ombre d'Octave.


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    Message par Gina M. Ven 24 Mar - 21:08

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    Message par Kean Mar 28 Mar - 12:10

    Le départ soudain du docteur sembla immédiatement soulager Andrea. Il se cala contre le dossier de son fauteuil et expira longuement les volutes de tabac de sa cigarette. A mi-voix, pour lui-même, il soupira : « la blonde n'est pour personne ». Puis son regard, alors égaré au plafond alors qu'il détendait les muscles de son cou et ceux de ses épaules, tomba sur celui de Jérémie. L'homme lui paru d'une ridicule posture. Assis là, se contentant de la lecture inutile d'un lourd dictionnaire comme si cet herbier de vocabulaire détenait la moindre vérité sur le monde et ses mystères, l'air tout à la fois curieux et las, intelligent et naïf, le visage encore poisseux de maquillage outrancier des siècles passés, la perruque sur les genoux. Un clown dépouillé, un clochard en pourpoint.

    Lénore, depuis le bar, lança un regard acerbe à Octave en s'entendant nommée. Elle s'était redressée en entendant la question de Yunna, et se tenait à présent droite face à la danseuse russe, une bouteille à sa convenance entre les doigts, et le visage suivant la sortie du grossier monsieur O. et de son malheureux ami, qu'elle ne salua qu'à peine. Une fois le duo sortit, toute trace de courroux avait disparu de son visage : il était vain de fomenter quelque revanche pour un homme de si peu d'esprit qu'elle ne reverrait jamais. Ces hommes là, de toute façon, payaient durement la fin de leurs jours. Ses yeux glissèrent alors sur Andrea et elle se rappela la question. Elle inspira brièvement, comme si la réponse allait être évidente, mais un silence suivi, étrangement long, avant qu'un nouveau sourire ne se dessine sur ses lèvres et qu'elle ne se confronte au regard de Yunna.


    Lénore : Que pensez-vous qu'il soit ?

    Taquine, elle laisse la russe sur cette question retournée pendant qu'elle se servait un verre et lui en proposait un. Elle reprit pourtant.

    Lénore : Je ne vous en voudrez pas de ne pas pouvoir répondre, je ne le puis pas plus. La langue manque de nuances, je le crains, pour définir la relation qui nous ramène l'un à l'autre.

    Deux nouveaux arrivant firent leur entrée sur ces entre-faits. Lénore les observa et les trouva immédiatement bruyants. Leurs mouvements lui parurent désordonnés, oppressant pour le plus gros et le plus lourd. Aviné qu'il était, ou sans délicatesse par nature, cette compagnie ne lui plaisait guère. Le plus fin, lui, coulait. Il lui semblait avoir à faire à ces corps sans consistance ni contenance, corps sans souffrance. Paradoxal sans doute, au vu de sa chariote. Néanmoins, elle lui adressa un sourire doux et un regard jouant l'enthousiasme avec une perfection des plus troublantes. Elle savait trop la traîtrise et l'injustice des premières impressions pour s'y arrêter totalement, la complicité du duo entre lourdeur et légèreté suffisait à lui indiquer le leurre des traits les puis appuyés. Les incomplétudes se masquaient à deux.

    Andrea surpris la question de Yunna, le regard de Lénore, et n'attendit pas la réponse lorsque le duo roulant fit sa tapageuse apparition. En grognant, il fit disparaître le contenu de son verre avant de se lever et de s'approcher du bar et des nouveaux arrivants. Non sans une certaine agressivité contenue dans le ton coupant de sa voix, il leur lança :

    Andrea, cynique : Si ce soir se tient le salon des difformités, je m'offusque de n'avoir pas reçu d'invitation.

    Ce ne fut cependant pas sans une certaine sympathie pour le gros lard improbable jouant l'ivrogne. Il y aurait sans doute quelques bons mots à tirer de celui-là.
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    Message par groskrox Mar 28 Mar - 22:43

    Yunna regarda Benjamin et Octave disparaître aussi soudainement qu'ils étaient apparus. Au moment où Octave mentionna “la blonde”cependant, ses sourcils se froncèrent avant d'ajouter :

    Yunna : La blonde... En voilà des manières ! Il fait le malin depuis le début et il disparaît dans la grossièreté.  

    Elle avait l'air vexée comme si la remarque lui avait été adressée, alors que ses cheveux bruns et courts ne laissaient aucun doute sur l'identité de la personne qu'Octave avait mentionné.
    Elle lui aurait d'ailleurs bien demandé son prénom à la blonde, mais resta intriguée par sa question. Elle soutint avec un frisson son regard au moment de prendre le verre de whiskey et commenca à en faire tourner le contenu, tandis qu'elle réfléchissait. Une vague mélancolie s'afficha sur son visage et elle se referma une seconde sur elle-même. Elle nota immédiatement cette vulnérabilité, mais au lieu de s'en cacher, s'en habilla avec honnêteté. Si le corps le ressentait, alors il ne fallait pas le masquer. D'une voix pleine de souvenirs, elle hasarda :

    Yunna : un frère ?

    La réponse que Lénore lui donna infirma bien vite sa tentative. Néanmoins, Yunna se raccrocha encore un peu à ce mot et avait envie de le laisser planer entre Lénore et Andrea. “Un frère”.
    L'instant s'envola aussi vite qu'il était venu et Yunna reprit sa contenance et goûta le whiskey que Lénore lui avait proposé. L'odeur de l'alcool lui piqua les narines, mais elle ne fut pas étonnée par la force du breuvage. Elle apprécia l'arrière-goût de chêne qui vint lui envahir les papilles.


    Yunna : (levant le verre vers Lénore) Ca ne vous étonnera sans doute pas si je vous dis qu'il a autant de caractère que vous-même ?

    Puis, il y eut l'éléphant dans le magasin de procelaine. Le bruit fut tel qu'il fit sursauter Yunna qui manqua de faire tomber son verre. Ses yeux exhorbités ne manquaient pas de marquer sa surprise et elle échangea un regard complice envers Lénore avant de se tourner vers les deux compères qui avaient fait une entrée fracassante.
    La jovialité du binoclard était bien contagieuse et il avait déjà capté l'attention de Yunna qui se sentait attirée par le personnage, ou plutôt sa singularité. Elle avait déjà levé son verre vers le plus gros qui semblait déjà bien emméché.


    Yunna : Eh l'ami, on peut dire que vous savez soigner vos entrées, dites-moi ! (Lui faisant signe) Dépêchez-vous de venir prendre un verre, vous allez vous déssecher.

    Il était impossible de ne pas s'attarder sur la difformité du bonhomme et pourtant Yunna n'en avait absolument rien à faire. Elle avait toujours préféré l'énergie à la beauté, le caractère à la timidité. Le second en revanche ne fit ni chaud ni froid à Yunna qui y voyait surtout un gamin ennuyeux.
    Yunna entendit distinctement la remarque d'Andrea et les mots dépassèrent à nouveau sa pensée :


    Yunna : Vous exagérez beaucoup ! Vous devriez plutôt vous casser l'autre jambe et vous écraser le nez contre un mur pour être sûr d'obtenir votre carte de membre.

    Il n'y avait aucune méchanceté dans la voix de Yunna, uniquement de la taquinerie. D'ailleurs, ce n'était pas vraiment à Andrea qu'elle s'adressait. Elle leva son verre vers celui-ci sans prendre garde s'il la regardait et finit son verre avant d'ajouter mentalement “C'est de bonne guerre frérot”.
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    Message par Gina M. Mer 29 Mar - 10:48

    Jérémie fut quelque peu surpris de voir si rapidement disparaître le docteur et son compagnon, mais n'eut pas de mal à noter le soulagement que cela procura à l'homme à la canne, même si l'expression de ce contentement restait discrète. Quel étrange chaperon pour la jeune noble - car oui, il avait bien compris que les empressements de Benjamin auprès de la demoiselle n'étaient pas pour plaire à ce sombre personnage. Décidément, curieux duo. Et non, sans doute pas un frère comme tentait de deviner la danseuse : l'air de famille n'était pas flagrant - demi-frère tout au plus ? Ou des connaissances... Mais quelle circonstance avait bien pu rapprocher ces deux personnes qui formaient un diptyque presque aussi curieux que le duo sur roues qui avait déboulé.

    Il acquiesça à la remarque de Lénore, eut même un petit rire approbateur qu'il accompagna, par association d'idées, d'un geste un peu amusé sur le dictionnaire qu'il prospectait - faute de mieux : oui sans aucun doute, la langue état souvent bien vaine, impuissante à rendre compte de tellement de réalités qui la dépassaient. Il y en avait des preuves vivantes dans ce salon ce soir - au moins quatre, car la relation entre les deux infirmes l'intriguait tout autant que celle de l'homme à la cigarette et de Lénore. En attendant, ne pouvant prétendre comprendre un monde, la langue par laquelle on l’appréhendait était toujours une porte d'entrée intéressante.

    Il sourit aussi à l'échange de plaisanteries entre Yunna et Andrea concernant le duo invalide et le caractère excentrique de cette soirée. Qui n'était pas pour déplaire à Jérémie, loin s'en fallait.

    Les deux chariotes roulantes justement se frayèrent un passage dans le salon. Lénius rit franchement à la pique d'Andrea et y répondit par une mine faussement offusquée qui tordait encore plus son visage :

    Lénius (à Andrea) Ooooooooooooh, mais voilà qui n'est pas très gentil ma foi... (un temps) pour ces dames et ce messire ! (en désignant Lénore, Yunna et Jérémie. Chippe la cigarette à Andrea, tire un coup et la lui rend)

    Jérémie (quand l'infirme le désigne, rit) Point du tout, je me sens concerné aussi.

    Loin d'être blessé, Tristan avait souri lui aussi à la pointe, par laquelle l'homme ne manquait pas d'autodérision quoique grinçante - une pratique qui était aussi familière à Lénius et qui laissait toujours le garçon à la fois admiratif... mais songeur quand aux motivations plus sombres de cette politesse qu'était l'humour. Le plus jeune répondit au salut plein de douceur de Lénore par une expression elle aussi avenante - un peu intimidée également.
    L'éléphant et le chat, tous deux aux regards joueurs et détendus, approchèrent vers le bar où une sympathique jeune femme en robe les invitait. La serveuse de l'établissement ?


    Lénius. (quand elle lui dit qu'il soigne ses entrées, regard non dissimulé sur sa robe... très courte... au seuil de ses cuisses) Vous aussi. (ç'avait été dit sur un ton si joueur, presque naïf, qu'on pouvait comprendre que c'était juste pour le bon mot un peu dément, sans rien de plus derrière. Et d'ailleurs aussitôt, ce fut avec respect, presque élégance, que la gargouille salua la femme d'un hochement de tête, quoique d'une façon un peu brouillonne voulue par l'ivresse) Et que nous proposez-vous à boire ?

    L'homme sortit de sa bourse quelques rilchs monbriniens pour payer ce qu'elle lui proposera, et offrir également une boisson à Tristan, qui tint cependant à compléter lui aussi comme il pouvait - d'une piécette. Ce dernier aura salué également la serveuse et commençait à détailler toute cette assemblée et ce lieu confortable et fascinant. Après le bon mot adressé à Andrea et concernant les invitations :

    Tristan. (à Yunna) 'Semble que M'sieur et nous autres (regard complice avec Lénius), on a répondu tous seuls à l'appel, même pas b'soin d'invitation. Mais vous, qu'est-ce qui vous vaut vot' carte de membre ? (sa voix est à la fois douce et d'une bienveillance espiègle, et ''l'appel" sonne presque compliment dans sa bouche, comme l'admiration d'une de ces grottes baroques où les "difformités" faisait toujours les plus fortes compositions - au delà du beau : le saisissant)
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    Message par Salomé Wilde Mer 29 Mar - 18:12

    Tout juste remise de l'entrée remarquée de Lénius et Tristan, la porte s'ouvre à nouveau. Ses gonds sifflent et soufflent sous la lourdeur du panneau de bois alors que dans l'ouverture qu'il laisse maintenant entrevoir une silhouette massive se découpe. Elle s'avance dans l'entrée de la taverne, et dessine un peu mieux pour les clients du lieu, les traits durs et tirés d'un homme et ceux, fatigués et inquiets d'une enfant pendue à son cou. Lui est brun, les cheveux relativement courts bien qu'indisciplinés. Cette masse sombre se retrouve dans la barbe fournie qui lui mange le bas du visage, cachant des lèvres charnues à la moue contrariée. Le regard doit pouvoir être bleu mais sous l'ombre de sourcils froncés, il est gris. Gris comme la mer après une tempête. Le nez a été cassé, plusieurs fois, et en est resté légèrement arqué. Le front commence à être strié par le temps. Il scrute ces inconnus près du comptoir. De son comptoir. Dans ses bras l'enfant a resserré sa prise autour du cou de l'homme. La couleur de ses cheveux tressés est la même que celle de son porteur, tout comme celle du regard qui ne porte pas pour autant les mêmes nuances sauvages. Les traits ne sont pas aussi évocateurs, mais il se dégage tout de même de l'ensemble un air de parenté qui ne trompe pas. Du haut de ses quatre ans, elle semble presque perdue contre le torse large de son père. Ce dernier fait de nouveau quelques pas et dépose près d'une étagère le sac qu'il portait sur le dos. Son regard croise alors celui de Jérémie et vient ricocher sur la silhouette d'Andrea. Il ne le dira pas mais il est soulagé par la présence de l'ancien esclave et celle de l'alcoolique. Finalement, cette fuite précipitée a presque un goût de retour à la maison.

    Dans l'embrasure de la porte une nouvelle silhouette s'est dessinée. Féminine, cette fois, même si perdue dans une veste militaire qui est trop grande pour elle, sa chevelure rousse souligne la pâleur de la peau qui habille son visage. Des traits doux de son visage, un air de déjà vu ressort lorsque le regard glisse à nouveau vers la petite. L'enfant suffit à imaginer les liens entre ces trois là. Chargée elle aussi de sacs, elle vient les déposer aux côtés de ceux du nouveau venu et en se redressant, se masse inconsciemment le dos.


    Dante (qui s'est retourné vers Salomé et dépose au sol Cassandre): Tu aurais du me les laisser.

    La rousse secoue la tête. Elle ne lui fait pas remarquer qu'elle n'est pas en sucre et que lui est suffisamment cassé comme ça. Elle se contente d'un sourire rassurant et caresse les cheveux de leur enfant lorsque cette dernière vient s'accrocher à la jambe de sa mère pour mieux se cacher des regards inconnus posés sur eux. Un en particulier la terrorise et l'hypnotise tout à la fois. Les grands yeux bleus de Cassandre ne quittent plus le visage d'Andrea.

    Salomé balaie rapidement la salle de ses yeux aux teintes vertes et son sourire redouble en reconnaissant Andrea et Jérémie.


    Salomé (plus bavarde que son mari, tant pour Jérémie que pour Andrea): Comment allez-vous? (puis pour Andrea) Enora est venue avec vous?
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    Message par Kean Jeu 30 Mar - 21:11


    Lénore pris un air songeur devant la proposition de Yunna. Un « frère » ? Non, décidément non, cela ne lui était pas réellement adressé. S'agissait-il d'un souvenir qui soudain resurgissait chez la danseuse et qu'elle déposait ici, attendant d'y trouver un écho perdu ? La jeune noble ne prit pas la peine de contredire son interlocutrice, cela n'avait pas d'importance. Puis, de frères, elle ne manquait pas, Andrea non plus.


    Lénore, à Yunna : Avez-vous un frère vous-même ?

    Elle sourit ensuite à l'analogie faite entre son caractère et la boisson.

    Lénore, toujours à Yunna : Mais nous voilà presque idiotes de ne savoir comment nous appeler l'une l'autre. (Lui tendant la main pour serrer la sienne avec une proximité plus chaleureuse, encourager à la fois par le whisky et la mention d'un frère) Je me nomme Lénore. Je gage que votre nom sera plus surprenant que le mien !


    Andrea céda bien volontiers la cigarette qu'il avait acceptée sans le vouloir à l'étrange animal qui lui faisait face. Il n'avait jamais aimé fumer, et surtout pas après quelqu'un.
    Il ne s'offusqua pas plus de l'intervention de Yunna, qu'il salua simplement :

    Andrea : Ce sont là des injures que je laisse généralement au loisir d'autrui. Vous serez surprise d'apprendre que nombreux se saisissent de cette occasion avec un plaisir que je ne saurai leur refuser.

    Lorsque la porte s'ouvre de nouveau, le regard d'Andrea se détache de Lénius à qui il s'apprêtait à répondre sur le chapitre des difformités cachées des femmes. Ses yeux accrochent le visage familier de Dante. Il est a la fois surpris et saisit d'un sentiment de soulagement - ou peut-être de gratitude ? - devant cette gueule cassée et l'allure toujours un peu maladive et émaciée de Salomé. Il se souvenait de leur première rencontre, et avait eu l'occasion de saisir les dangers auxquels cette famille avait à faire. Les voir encore en vie ressemblait à de sincères retrouvailles, qui resteraient assurément muettes. Il lui est pourtant bien difficile de ne pas répondre trop largement au sourire que lui adresse Salomé.
    Il fut toutefois étonné de trouver la petite Cassandre grandie de plusieurs années. S'il s'accrocha un instant au regard de la gamine – le reconnaissait-elle ? - il ne lui imposa cependant pas de le soutenir, conscient que ses trains n'avaient sans doute rien d'agréable pour une enfant.


    Andrea, à Salomé, d'une voix adoucie : Pas ce soir non. Elle m'a préféré la compagnie de mon frère.

    Lénore, observe cet échange avec une pointe d'agacement à l'évocation du nom d'Enora – ou bien est-ce le ton qu'emploie Andrea avec cette femme qu'elle ne connaît pas ? Pour autant, sur le chemin du bar, Andrea lui avait brièvement compté la première soirée qu'il y passa en compagnie de sa belle-sœur. Aussi salua-t-elle les nouveaux arrivants d'un sourire avenant et se fendit d'un court attendrissement pour Cassandre qui ne détachait plus son regard trop plein d'enfant du vieux fauve boiteux. Ou bien était-ce la timidité de ce dernier devant la petite qui lui ravit une moue amusée ?
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    Message par groskrox Ven 31 Mar - 15:40

    Spoiler:

    Yunna posa son verre pour se reservir un peu de whiskey. Elle le remplit de moitié, mais n’y but pas tout de suite, de manière à ne pas trop laisser l’alcool lui monter à la tête. Ses gestes restaient mesurés, mais elle pouvait déjà sentir cette chaleur bienheureuse qui lui brûlait les joues.

    Yunna (à Lénore, sur le ton de l’ironie) : Eh oui, j’ai un frère, tout le monde ne peut pas être parfait !  Il fait partie de ceux qui croient n’aimer qu’eux-même, alors qu’en vérité, ils recherchent l’affection partout sans jamais la trouver. (posant la main sur son front d’un geste scénique) Ah, les hommes, des egos fort compliqués !

    Yunna ne cacha pas son appréciation vers la main tendue par Lénore. Elle offrit la sienne comme une caresse, avec une certaine fermeté, mais sans brusquerie. Le geste fut bref par respect pour la pudeur de sa compagne. Elle ne manqua cependant pas de se toucher délicatement les doigts après lui avoir serré la main, juste pour se souvenir de l’impression que lui avait fait ce premier contact. En entendant Lénore se présenta, elle répondit presque aussitôt:

    Yunna (avec sincérité) : Ravie de te rencontrer. Nous pouvons nous tutoyer n’est-ce pas ?* J’ai coutume de dire qu’au deuxième verre, nous ne sommes plus vraiment des inconnus.
    Lénore c’est charmant et peu commun. (échange un sourire taquin à l’encontre de son interlocutrice) Un corbeau a-t-il frappé à la porte de la chambre de tes parents ? Tu peux m’appeler Yunna. Oui, je crois bien que c’est mon prénom pour ce soir.

    Sa réponse ne laissait pourtant aucun doute quant à la véracité de son propos. Mais c’était plus fort que Yunna, il fallait qu’elle s’en fasse un jeu, juste pour rire.

    Yunna (reprenant une gorgée de whiskey) : Rien d’original, mes parents ont toujours préféré la sécurité à la créativité et je les en remercie ! (elle fronce légèrement les sourcils) On parle un peu trop de moi, tu ne trouves pas ? Pas que cela m’ennuie, mais une conversation se fait à deux, même lorsqu’un a plus de voix que l’autre. (Elle s’approche d’un pas de Lénore) Moi aussi, j’ai ma curiosité. Oublions la famille, c’est ennuyant, parles-moi pluôt de tes projets, une aventure à vivre avant de mourir ?

    Yunna accueillit amicalement la venue du sieur à lunettes et s’amusa même de le voir partager une latte de cigarette avec Andrea. ”Tout le monde l’aime bien et personne ne reste à sa table, c’est un monde ça !” Le regard de Lénius et sa grande politesse arrachèrent un éclat de rire à Yunna :

    Yunna : allons mon brave, il ne faut pas rougir de trouver mes cuisses jolies, elles font souvent cet effet ! Malheureusement, nous ne jouons pas dans la même cour vous et moi. Je n’aime que la compagnie des femmes de goût.

    S’il y avait encore eu quelque incertitude, le regard que Yunna avait lancé à Lénore l’avait entièrement balayé. Toutes les cartes étaient posées, sans aucune considération pour le masque ou le mensonge.

    Yunna (de nouveau à Lénius) : Je vous proposerais bien de ce whiskey, mais à la vitesse à laquelle nous le buvons, je crains qu’il n’y en ait pas assez pour quatre. (un rapide coup d’oeil à l’égard de Tristan) Vous boirez avec nous aussi, sans doute ?  

    Yunna appréciait la réponse de Tristan qui avait plus de répartie qu’il n’y paraissait.

    Yunna (sur le ton de la plaisanterie) : Bien sûr que nous avons notre carte, nous sommes des femmes, enfin ! Rien entre les jambes, ça en fait frémir certains. (Elle s’autorise une tape sur l’épaule de Lénius) Je veux bien croire que celui-là n’a eu aucun effort à faire pour être admis, mais vous ? Vous me semblez trop coquet si vous voulez mon avis !

    Puis, la porte s’ouvrit de nouveau. Yunna ne manqua pas de noter qu’une demi-heure à peine, elle était seule, et là voilà à présent entourée par les voix d’illustres inconnus. L’endroit lui paraissait plus chaleureux encore et elle s’y sentait parfaitement à son aise. Si Dante ne retint pas son attention, Salomé en revanche lui fit forte impression. Pourquoi fallait-il qu’elle ne tombe que sur des femmes aussi charmantes, ce soir ? Oui, bon, il y avait un marmot et un mari pas loin, mais savait-on jamais ? Certaines savaient ne pas s’en encombrer…
    Yunna fut tirée de sa réflexion par le souffle agacé de Lénore. Elle n'avait absolument pas écouté la conversation à propos d'Enora, aussi demanda-t-elle ce qui avait pu faire réagir Lénore. Elle nota aussi le sourire qu'elle adressa à Cassandre et se demanda bien ce qu'elle pouvait trouver à ce petit machin qui allait tôt ou tard se mettre à brailler.


    * Tutoiement ou vouvoiement à ajouter selon la réponse de Lénore.

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